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Nouvelles variétés de colza pour la production bio

Nouvelle  | 

Bien que le colza fournisse une huile alimentaire de très haute valeur nutritionnelle et présente une teneur élevée en protéines, son importance est faible en agriculture biologique. Avec la reconduction de l’interdiction des variétés hybrides pour la production de colza bio en Suisse, les productrices et producteurs doivent se tourner vers des variétés lignées performantes. Deux projets visent à sortir la production de colza bio de sa situation de niche en développant des variétés adaptées.

L’hétérogénéité des populations est bien visible au travers des différences de hauteur des plantes, en particulier durant les stades de développement précoces. Photo: FiBL, Michael Schneider

Jusqu’à présent, l’évolution des rendements des populations de colza indique une augmentation des rendements due à l’adaptation naturelle aux conditions bio, comme le montre la courbe de tendance noire ascendante. Il y a 4 populations différentes, représentées par différentes couleurs. Le rendement est indiqué en quintaux par hectare. Graphique : FiBL, Michael Schneider

La faible production de colza bio s'explique par un risque plus élevé de perte de rendement par rapport à la culture conventionnelle. Les variétés lignées actuellement homologuées sont inférieures aux variétés hybrides modernes en termes de niveau de rendement et de robustesse. La disponibilité de variétés performantes est toutefois primordiale pour renforcer la production de colza bio et sortir celle-ci de sa position de niche. Des facteurs de stress biotiques et abiotiques, une longue période de végétation ainsi que des exigences élevées en matière d'approvisionnement en azote représentent des défis particuliers à relever en agriculture biologique.

Forte demande pour l'huile de colza bio

Cette situation de niche entraîne un déficit d'approvisionnement, une demande élevée en huile alimentaire de très haute valeur nutritionnelle et de production biologique ne pouvant jusqu'à présent pas être intégralement couverte. 

Outre sa haute teneur en huile (environ 45 pour cent), le colza présente aussi une teneur élevée en protéines, jusqu'à 25 pour cent suivant les variétés, avec de précieux acides aminés. Le colza (en tant que non légumineuse) peut donc représenter une source intéressante de protéines végétales ainsi qu'alléger et enrichir la rotation.

Tous ces éléments, une demande stable, une double utilisation possible et une valeur élevée dans la rotation, constituent de bonnes conditions pour la production de colza. Cette dernière reste cependant toujours compliquée et comporte divers facteurs de risques biotiques (p.ex. des ravageurs) et abiotiques (p.ex. des carences en éléments nutritifs).

Développement urgent de variétés lignées

Le développement de nouvelles variétés robustes et productives peut apporter une aide. Or seules des variétés hybrides sont homologuées et développées dans le colza depuis quelques années, afin d'exploiter l'effet d'hétérosis. Les variétés lignées à disposition pour l'agriculture biologique étant coupées de cette évolution, leur développement ne joue guère de rôle dans le contexte actuel.  

Axes principaux dans le développement de variétés de colza

Le colza est une espèce génétiquement jeune, qui est issue d'un croisement spontané entre B. oleracea et B. rapa il y moins de mille ans (7500 ans au maximum). En renouvelant ce croisement (resynthèses) puis en l'introduisant par croisement dans des variétés élites modernes, la variabilité génétique du colza a pu être considérablement augmentée, en particulier en ce qui concerne des caractéristiques d'adaptation à diverses conditions écologiques. Outre divers facteurs de stress biotiques, le stress hydrique ainsi que la capacité de prélèvement des éléments nutritifs sont des facteurs limitants importants dans la formation du rendement.

Des populations sélectionnées pendant plusieurs dizaines d'années comme point de départ

Les projets RapsOrg et Cousin se fondent sur ces constats. Les chercheuses et chercheurs de l'Université de Bonn, du Julius Kühn-Institut, du FiBL et du Norddeutschen Pflanzenzüchtung (NPZi) ne démarrent toutefois pas de zéro, ils tirent profit d'un avantage décisif: le projet avait été initié il y a déjà plus de 20 ans.

Jens Léon, de l'Université de Bonn, s'était fixé pour objectif au début des années 2000 de croiser quelques variétés lignées avec des lignées resynthétisées, afin d'élargir fortement leur pool génétique. Les populations hétérogènes obtenues ont ensuite été cultivées durant plus de 20 ans dans des conditions d'exploitation biologique et conventionnelle. Par la sélection naturelle, ces populations ont pu s'adapter spécifiquement à leurs environnements. Une bonne adaptation des diverses lignées dans ces populations s'accompagne aussi de davantage de descendants de ces lignées. 

Ces prochaines années, les scientifiques veulent filtrer ces lignées naturellement sélectionnées et analyser la manière dont elles se sont adaptées à l'agriculture biologique ainsi qu'à l'approvisionnement restreint en éléments nutritifs et à l'absence de produits phytosanitaires qui en découlent au cours des plus de 20 années passées. «Nous voulons maintenant nous mêler activement au processus et affiner de manière ciblée la sélection naturelle qui s'est opérée jusqu'ici», explique Agim Ballvora, le coordinateur du projet de l'Université de Bonn.

Accent placé sur des racines fortes et profondes

L'attention se porte sur un nombre élevé de racines secondaires poussant à la verticale avec un angle fermé, afin d'augmenter la capacité d'absorption de l'eau et des éléments nutritifs et composer ainsi avec le stress hydrique et un manque d'éléments nutritifs. On sait déjà d'autres études qu'une croissance rapide en profondeur aide la plante, notamment dans des conditions de disponibilité réduite en éléments nutritifs.

Connaître et utiliser la génétique

La sélection doit être accélérée en recourant à des marqueurs génétiques et il s'agit pour cela d'exploiter tous les outils et sources d'information disponibles.

Michael Schneider résume ainsi l'objectif: «Nous voulons savoir quels gènes sont particulièrement importants en agriculture biologique et utiliser ensuite ces informations dans le projet RapsOrg de manière ciblée pour la sélection». Fort de ses nombreuses années d'adaptation à de faibles disponibilités en azote du sol, le matériel végétal à disposition pour RapsOrg peut apporter une contribution à la diversification des sources de protéines de production biologique (et conventionnelle). Des synergies avec le projet de l'UE Cousin, qui teste les populations elles-mêmes et les analyse intégralement sur le plan génétique, sont aussi utilisées.

Un réseau d'essai très étendu est donc exploité. L'équipe de recherche de RapsOrg peut donc mettre plus rapidement à disposition des agricultrices et agriculteurs une lignée correspondant à la règlementation bio et qui se démarque positivement par sa robustesse et son potentiel de rendement.

Michael Schneider, FiBL
Agim Ballvora, Université de Bonn

Pour en savoir plus

Colza (Rubrique cultures)
Projet RapsOrg (FiBL projets; en allemand)
Projet Cousin (FiBL projets; en allemand) 

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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