Le FiBL mène depuis plus de 20 ans avec des services bio cantonaux et Agroscope des essais de variétés de blé panifiable. Des actuels dépouillements de données montrent des différences régionales dans les rendements et la qualité de certaines variétés.
Différentes variétés de blé panifiable sont testées chaque année dans des endroits répartis dans toute la Suisse. Elles ont tout d'abord été testées avec succès par Agroscope pendant trois ans dans des es- sais en petites parcelles avant d'être enre- gistrées dans la liste du FiBL des variétés de céréales bio, et les variétés potentiel- lement adéquates sont testées pendant trois autres années dans des essais en bandes.
Une bonne base de données sur les différences régionales
«En plus de 15 années d'essais, nous avons récolté une vaste collection de données qui peut toujours être utilisée pour de nouvelles questions», explique Mathias Christen, qui dirige les essais variétaux du FiBL. Par exemple, un dépouillement des données sur les variations locales des teneurs en protéines et des rendements montre de nettes différences de potentiel de rendement.
«Nous voyons que les variétés axées sur le rendement atteignent de bons ré- sultats surtout dans les régions avec des sols riches en éléments nutritifs.» Le spé- cialiste des grandes cultures dit que les variétés axées sur la qualité, donc celles avec des teneurs en protéines plus hautes, donnent par contre de meilleurs résultats dans les régions moins pourvues en élé- ments nutritifs.
Choix des variétés: Une question d'approvisionnement en azote
«On doit à l'avenir simplement en savoir plus sur la manière dont les éléments nu- tritifs agissent sur le niveau de rendement des différentes variétés et dans quelles ré- gions la culture de quelles variétés est par- ticulièrement pertinente», explique Ma- thias Christen. Cela pourrait signifier pour les essais variétaux que les dépouillements des données doivent plus tenir compte des quantités d'azote épandues dans les différents sites.
Les variétés à haut rendement for- ment bien dans les endroits pauvres en éléments nutritifs des épis avec plus de grains que les variétés axées sur la qualité, mais ceux-ci sont alors moins bien nour- ris en protéines. Sur ce genre de sols, les variétés du type appelé monotige dimi- nuent le nombre de grains mais stockent en contrepartie davantage de protéines. «Il serait bienvenu que le choix des variétés s'oriente à l'avenir plus d'après les teneurs en éléments nutritifs de chaque site», dit Mathias Christen.
Décalage des parts des variétés dans les cultures
Une mise en valeur des parts des variétés en Suisse de 2022 à 2025 montre en outre la tendance que des variétés à hauts rende- ment comme Montalbano sont de plus en plus utilisées. Des variétés polyvalentes comme Wiwa, qui a fait ses preuves dans des conditions très diverses aussi bien du point de vue du rendement que de celui de la qualité, ont au contraire fortement diminué au cours des dernières années.
Le fait que quelques rares variétés axées sur le rendement soient de plus en plus utilisées provoque d'ailleurs des dif- ficultés aux moulins quand ces variétés atteignent des faibles teneurs en proté- ines, car ils doivent répondre à l'appel des boulangeries qui demandent des farines de meilleure qualité. Mathias Christen dit que cela permet de comprendre pourquoi les moulins exigent haut et fort de reti- rer certaines variétés de la liste variétale. Le Groupe spécialisé Grandes cultures de Bio Suisse continue par contre de s'enga- ger pour un assortiment variétal diversi- fié puisque les variétés à hauts rendement sont très appréciées pour les sites riches en éléments nutritifs. En contrepartie, Bio Suisse s'est mise d'accord avec toute la branche sur une version révisée du sys- tème de paiement à la protéine afin d'in- citer à choisir pour les sites moins riches en éléments nutritifs des variétés plutôt orientées vers la qualité.
Jeremias Lütold, FiBL
