La tourbe est un substrat apprécié pour les plantes, mais son exploitation a de graves conséquences pour le climat et l'environnement. En asséchant des marais pour en extraire la tourbe, de grandes quantités de CO₂ et de protoxyde d'azote sont libérés et des écosystèmes uniques sont détruits.

Pensées se développant dans des substrats tourbeux, à gauche: 100 pour cent tourbe, à droite: 40 pour cent tourbe (Photo: T. Ruprecht, Biocontrol Andermatt)
L'extraction de la tourbe est interdite en Suisse depuis 1987. Depuis, les besoins en tourbe sont couverts par des importations. La réduction de l'usage de la tourbe dans la production végétale ayant été reconnue comme impérativement nécessaire, le Conseil fédéral a adopté en 2012 le plan d'abandon de la tourbe. Dans des déclarations d'intention, la Confédération a convenu des trajectoires de réduction de la tourbe avec divers acteurs de la branche. L'objectif est l'abandon de la tourbe d'ici 2030.
Fiche technique sur la réduction de l'utilisation de la tourbe
Au fil des expériences acquises, les limites supérieures actuellement en vigueur sont différenciées selon des catégories de production ainsi que l'utilisation prévue et ciblent des objectifs ambitieux. La fiche technique du FiBL sur la réduction de l'utilisation de la tourbe contient un tableau synthétisant les trajectoires de réduction de l'utilisation de la tourbe pour l'horticulture et le commerce horticole en Suisse.
La réduction de la tourbe est la norme, l'absence de tourbe reste un défi
Les exploitations Bio Suisse travaillent déjà depuis plusieurs décennies avec des teneurs en tourbe les plus faibles possibles. Les exigences en vigueur pour elles se trouvent dans le cahier des charges du Bourgeon. Bien que la consommation réduite de tourbe en production de plantes ornementales biologiques soit la norme, la production sans tourbe demeure un défi majeur, car la tourbe combine de nombreux avantages chimiques et physiques. Il s'agit en effet d'une base de substrat à faible pH, qui ne contient pas de sels, ne fixe pas l'azote et présente une bonne capacité de rétention d'eau.
Adaptation de l'irrigation et des apports en nutriments
Pour la culture dans des substrats sans tourbe ou à teneur réduite en tourbe, l'équilibre nutritif doit donc être contrôlé à l'aide de prélèvements de sol, en particulier avant et pendant la phase de croissance principale. Les substrats à forte teneur en fibres de bois retiennent moins bien l'eau, il est donc conseillé d'arroser plus fréquemment, mais en petites quantités. Le choix d'engrais composés riches en azote réduit le risque de salinisation, le phosphate et le potassium étant déjà suffisamment présents dans les substituts de tourbe ligneux. Si la teneur en sel est trop élevée, un rinçage à l'eau agit comme une intervention rapide.
Le défi de la production biologique
Les conditions de production biologique sont donc particulièrement exigeantes, car les engrais organiques/biologiques réagissent lentement et doivent d'abord être minéralisés. Cette transformation en substances disponibles pour les plantes est entreprise par les micro-organismes, qui ne sont actifs qu'à partir d'une température de 12 degrés.
Kathrin Huber, FiBL
Pour en savoir plus
Fiche technique «Réduction de l'utilisation de tourbe» (boutique du FiBL)
Site de l'OFEV sur l'abandon de la tourbe (bafu.admin.ch)