Alimentation 100 pour cent bio - Contexte

Dans de précédents essais (projet Porc bio 100.0) ainsi que durant la transition effective entre 2022 et 2024, il s'est avéré que l'alimentation 100 pour cent bio pouvait avoir les conséquences suivantes par rapport à une alimentation à 95 pour cent bio:

• les performances (indice de consommation, accroissements journaliers, durée d'engraissement) diminuent;
• la concentration en acides gras polyinsaturés (PUFA) dans la graisse de porc augmente d'environ deux pour cent;
• l'efficacité de l'azote est plus faible. Il faut globalement apporter un peu plus de matière azotée pour couvrir les besoins en acides aminés essentiels.

Aucun effet sur la santé animale n'a été observé dans les essais pratiques standardisés, pas même chez les porcelets. Toutefois, certaines exploitations ont signalé davantage de diarrhées et de caudophagie (morsures de queues) après la transition.

Des valeurs PUFA trop élevées peuvent entraîner des déductions à l'abattoir

La Suisse est le seul pays où la qualité de la graisse des porcs est déterminée et évaluée à l'abattoir. Si un lot d'abattage obtient en moyenne une concentration en PUFA (acides gras polyinsaturés) de plus de 15.5 pour cent, on procède à des déductions échelonnées. Ces dernières sont appliquées à tous les porcs, indépendamment du label. La graisse avec une concentration très élevée en PUFA est plus sensible à l'oxydation, ce qui peut la faire devenir rance. De plus, elle est plus difficile à travailler car elle devient plus «poisseuse» et plus molle. La concentration à partir de laquelle des différences sensorielles ou des problèmes apparaissent effectivement dans la transformation n'a jusqu'à présent pas pu être déterminée dans des essais.

Contrôler les concentrations en PUFA par l'alimentation

Comme tous les autres animaux, les porcs ne peuvent pas synthétiser eux-mêmes les acides gras polyinsaturés essentiels, ce qui signifie que les PUFA dans la graisse de porc proviennent directement de l'alimentation. La concentration en PUFA dans la graisse peut donc être contrôlée par l'alimentation. 

Les composants végétaux contiennent généralement davantage de PUFA que les graisses animales. Les tourteaux de pression (de soja, courge, tournesol ou colza), notamment, contiennent davantage de graisse, et donc de PUFA, que les tourteaux d'extraction qui ne sont pas autorisés en production biologique en raison du recours à l'hexane durant le processus de fabrication. Les animaux avec une couverture graisseuse plus importante ont des concentrations en PUFA plus faibles car les PUFA sont dilués. La santé (les animaux en bonne santé ont davantage de graisse et donc des concentrations plus faibles en PUFA) ainsi que la gestion en général sont d'autres facteurs qui influencent la qualité de la graisse.

En raison des difficultés rencontrées au niveau des performances et de la qualité de la graisse, un nouveau délai transitoire, de 2025 à 2030, a été accordé aux exploitations porcines de Suisse pour l'alimentation 100 pour cent bio.