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La parole aux OM: «La sur-industrialisation de notre alimentation l'a fragilisée»

Nouvelle  | 

Afin d'inaugurer une nouvelle série d'articles mettant à l'honneur les Organisations membres (OM) de Bio Suisse, Gérald Huber, président de BioVaud et agriculteur à Aubonne VD, partage pour bioactualités.ch sa vision du marché.

Gérald Huber préside l'Association BioVaud depuis 2024. Il est agriculteur à Aubonne et a ouvert un magasin de produits locaux et bio avec sa compagne Karine au centre de Morges. Créée en 1994, BioVaud regroupe quelque 450 agriculteurs et agricultrices.

La rédaction de bioactualites.ch/bioaktuell.ch inaugure une série d'interviews, donnant la parole à ceux qui s'engagent pour faire vivre le mouvement bio: les président·e·s d'Organisations Membres (OM) de Bio Suisse. L'occasion de faire le point avec eux sur ce qui les anime, leurs chantiers en cours, leurs espoirs et leurs préoccupations en tant que producteurs et productrices. 

Quel est votre sentiment, à l'issue de la huitième édition de la foire Bio Agri à Moudon VD (qui s'est déroulée les 11 et 12 mai derniers), qui s'est vue couronnée de succès grâce à une fréquentation record ?

Gérald Huber: L'engouement pour la foire Bio Agri, tant du public que des agriculteurs, agricultrices et exposant·e·s est chaque année plus fort. On sent clairement qu'on répond à une demande, à ce souhait qu'un lien s'intensifie entre consommateurs et agriculteurs. On a réussi, au cours de ces huit dernières éditions, à faire évoluer la formule, en intégrant tous les métiers de la terre et de la bouche à la foire, et en adoptant un positionnement «dédié à la famille». 

Est-ce que cet engouement se traduit sur les marchés des produits bio de la part des consommateurs et consommatrices, en tout cas pour le canton de Vaud ? 

Si les produits bio se sont clairement démocratisés ces dernières années, ils demeurent connotés comme «trop chers», suite à des révélations médiatiques et de part son positionnement «premium» chez les distributeurs. Le bio fait partie des victimes de la récente mise sous pression du pouvoir d'achat des consommateurs. 

Le fait que le bio soit bon pour l'environnement et la biodiversité est acquis, mais ne suffit plus pour générer l'acte d'achat. Les gens se sont repliés sur eux ces dernières années, et il faut toucher la fibre de l'individu si l'on veut que les habitudes de consommation évoluent en faveur des produits bio. Il faut désormais invoquer l'argument «bon pour votre santé et celle de vos proches» plutôt que «bon pour la planète» pour faire mouche. 

Pour autant, les externalités positives du bio demeurent des arguments qu'il faut continuer de marteler auprès des consommatrices et consommateurs, ainsi que des autorités.

Quelle est votre vision en matière de commercialisation des produits bio? 

Pour moi, cela passe par deux axes. Premièrement, disposer de filières territorialisées et ensuite, diversifier nos canaux de vente : magasins spécialisés, restauration hors domicile, etc.

Prenons un exemple: actuellement, le canton de Vaud produit 173% de ses besoins en pommes de terre et 125% de ses besoins en sucre alors que nous manquons de protéines d'origine végétale et de légumes. Cela peut suprendre à première vue, mais en territorialisant nos filières, je pense que nous augmenterons notre souveraineté alimentaire.

L'industrialisation et la pétro-dépendance de notre alimentation l'a rendue fragile. Repenser les filières à l'échelle du territoire leur confèrerait davantage de résilience. 

Quelle est votre priorité en tant que président de BioVaud? 

En premier lieu, poursuivre la professionalisation et l'institutionnalisation de notre association, afin de satisfaire les besoins de ses membres.

Par ailleurs, il faut se battre pour que notre métier demeure attractif. Installer des agriculteurs et des agricultrices pour faire vivre nos territoires est une priorité, et, en parallèle, adapter les condition-cadres à une agriculture artisanale. Si nous ne traitons pas ce sujet, dans les dix à quinze prochaines années, l'agriculture fera inéluctablement face à des capitaux extérieurs qui n'auront pas forcément cette même vision artisanale du métier…

Par ailleurs, je pense que le marché doit être une solution est non un frein. Dans notre modèle de production, le marché doit absorber la diversité de ce que nous produisons. Si nous souhaitons une agriculture et alimentation qui soient liées et cohérentes, la demande doit davantage s'adapter à l'offre et donc nos partenaires devraient y consacrer davantage de moyens en termes marketing. 

Pour à la fois valoriser toutes les productions utiles et robustes (cépages, pomme de terre, fruits,...), trouver par de l'argent public et répondre aux enjeux sociétaux, la solution passe par des accords de branche intégrant tous les acteurs, dont l'Etat.

Quel est votre sentiment quant à l'atmosphère qui règne dans les rangs de l'association ?

On sent que nos membres sont toujours motivés, enthousiastes, prêts à innover. Mais souhaitent ardemment que leur intelligence et leur savoir-faire soient pris en considération. 

Ce que m'a confié un agriculteur bio il y a 15 ans m'anime au quotidien : «Ce sont ceux qui sont proches des problèmes qui trouveront la solution». C'est tellement vrai et pragmatique! 

Dans les projets que nous développons chez Bio Vaud, nous tâchons ainsi systématiquement de nous rapprocher de nos membres pour les questionner sur la pertinence des idées et décisions à prendre. En outre, je crois qu'au sein du mouvement bio, qui est un véritable catalyseur pour l'agriculture, l'innovation et les projets novateurs doivent être portés et développés par des entités ayant un esprit dynamique et une vraie volonté de faire évoluer les choses.  

Quels sont les chantiers à venir pour que continue à vivre le mouvement bio? 

À mes yeux, il est essentiel que tous les acteurs du mouvement bio aie cette lecture objective et réaliste des phénomènes d'achat et de consommation afin de stabiliser et d'augmenter nos parts de marché. Nous devons augmenter la consommation bio suisse!

Propos recueillis par Claire Berbain

Pour en savoir plus

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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