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Alimenter correctement les vieux chevaux qui ont des problèmes de dents

Quand ils avancent en âge, de nombreux chevaux ont des problèmes de dents et donc des difficultés à mâcher, à ingérer et à digérer les fourrages. Des mesures simples permettent aussi aux fermes bio d’optimaliser l’affouragement des chevaux qui sont dans ce cas.

Chez les chevaux âgés, la structure naturelle de la surface de mastication des dents est souvent usée, et il faut même de temps en temps enlever certaines dents. Les problèmes dentaires peuvent aussi être aggravés par des soins dentaires incorrects ou inexistants.

Vu que les chevaux sont faits pour une nourriture riche en fibres, les problèmes de dents posent, à ceux qui en ont, certains problèmes pour se nourrir. Un broyage insuffisant des fourrages fait en effet diminuer la disponibilité des éléments nutritifs qu’ils contiennent. La digestibilité des fourrages grossiers et des grains de céréales s’en trouve réduite et les chevaux ne peuvent pas – malgré des quantités adéquates de fourrages – couvrir leurs besoins en éléments nutritifs. Sans compter que les fourrages fibreux mal mâchés peuvent provoquer dans le tube digestif des obstructions (congestion de l’œsophage ou coliques d'obstipation) qui peuvent même avoir une issue mortelle. De nombreux vieux chevaux sont de toute façon des mangeurs exigeants, et s’ils ont des problèmes dentaires ils réagissent en réduisant encore leur ingestion de fourrages.

Il y a dans l’agriculture conventionnelle une large palette d’aliments concentrés qui ont été développés spécialement pour les vieux chevaux, mais des mesures simples permettent aussi aux fermes bio d’optimaliser l’affouragement des chevaux concernés. Il est d’ailleurs souvent possible de couvrir leurs besoins alimentaires sans recourir à des mélanges fourragers spéciaux.

Symptômes de sous-nutrition

L’éleveur doit en principe être en mesure de déterminer s’il y est nécessaire de modifier l’affouragement. Tous les chevaux âgés n’ont pas forcément besoin d’un affouragement spécial. Pour évaluer l’état nutritionnel de ses chevaux, on peut se baser sur différents symptômes:

  • Body Condition Score (BCS, en français Note d’Etat Corporel, NEC) : si la NEC se situe dans la normalité, on peut tabler sur le fait que l’affouragement actuel couvre les besoins en énergie. Il faut par contre être particulièrement attentif aux chevaux qui reçoivent de grandes quantités de fourrages mais qui sont très maigres.
  • Apparence : robe terne, poil hérissé, peau squameuse ou mauvaise qualité des sabots peuvent être provoqués par différentes carences en éléments nutritifs, en minéraux et/ou en vitamines.
  • Comportement alimentaire : est-ce qu’un cheval mange peu de fourrages grossiers malgré une offre suffisante ? Si on trouve régulièrement dans le box ou le parcours des pelotes humides de fourrages grossiers à longues fibres, c’est un signe certain qu’un cheval a des problèmes de mastication et qu’il recrache les fourrages qu’il prend.
  • Crottins : est-ce que les crottins contiennent des restes d’aliments non mâchés, p. ex. des grains de céréales entiers ? Si c’est le cas on peut partir du principe qu’ils ne sont pas suffisamment mâchés et n’ont donc pas de valeur nutritive pour le cheval concerné.

Pour savoir si des changements corporels sont liés à une capacité masticatoire insuffisante (ou p. ex. à des troubles du métabolisme ou à des parasitoses), une ou un vétérinaire qualifié devrait contrôler les dents et si nécessaire intervenir ou traiter. Indépendamment de leur apparence corporelle, les dents de tous les chevaux devraient être contrôlées chaque année.

L’affouragement des chevaux qui ont des problèmes dentaires

Les chevaux qui ont des problèmes dentaires sont souvent des animaux assez âgés qui ne doivent pas fournir de gros efforts corporels et ont donc des besoins en énergie relativement bas. Parce que cela peut provoquer des problèmes digestifs et métaboliques, un approvisionnement insuffisant en éléments nutritifs causé par des fourrages mal mâchés ne devrait en fait pas être compensé par de grandes quantités de concentrés riches en énergie.

Et en même temps on aimerait mettre à disposition des chevaux, des protéines de haute qualité et des quantités suffisantes de minéraux et de vitamines, mais aussi composer la ration de manière à obtenir une durée d'ingestion la plus longue possible ainsi qu’une bonne activité masticatoire et donc la production de salive qui va avec. Il faut donc arriver à trouver un compromis adéquat entre une alimentation tendre, facile à digérer et riche en fibres.

Optimaliser l’ingestion et la digestibilité des fourrages grossiers

Les fourrages grossiers devraient quand même toujours représenter la plus grande partie de la ration – et cela même pour les chevaux qui ont des problèmes de dents. La pâture joue ici un rôle particulièrement important, car elle offre la forme idéale et la plus naturelle d’ingestion de fourrage. Les chevaux qui ont ces problèmes ont surtout besoin de pâturages avec un gazon court composé de plusieurs espèces de plantes différentes. Il faut par contre faire attention avec les longues herbes et les grands trèfles, car les longues tiges de plantes non mâchées peuvent provoquer des obstructions dans le tube digestif.

Les chevaux qui ont des problèmes dentaires ingèrent souvent moins de fourrages grossiers parce qu’ils n’arrivent pas à avaler les trop grands morceaux de fourrages, mais ils devraient quand même recevoir des fourrages grossiers conservés pour s’occuper. Les chevaux gloutons ou avides de nourriture devraient cependant les recevoir de manière à ne pas pouvoir se gaver, parce qu’il y a là aussi des risques d’obstructions du tube digestif. Filets à foin, automates d’affouragement ou râteliers à tubes serrés peuvent ralentir l’ingestion des fourrages grossiers. Il est important que les chevaux qui ont des problèmes de dents puissent d’une manière ou d’une autre satisfaire leurs besoins masticatoires, et cela même si ces dispositifs leur permettent d’ingérer seulement de petites quantités de fourrages à la fois.

Pour les chevaux qui ont des problèmes dentaires, les bouchons ou pellets de fourrages grossiers pressés (p. ex. à base d’herbe ou de luzerne) sont de bons compléments qui peuvent dans les cas extrêmes remplacer complétement les fourrages grossiers à longues tiges. Les bouchons de fourrages grossiers devraient toujours être mis à tremper avant leur affouragement parce qu’un gonflement ultérieur dans l’estomac peut être dangereux en cas d’ingestion de grandes quantités. Et, aussi avec ce genre d’aliments, il faudrait éviter que les chevaux en mangent de grandes quantités en peu de temps. Pour cette raison et pour simuler l’ingestion continue de fourrages, la quantité totale devrait être répartie en plusieurs repas.

Choisir des sources d’énergie faciles à digérer

Si on a envie de continuer de donner des concentrés qui contiennent des céréales, il faut veiller à ce que leurs composants subissent une préparation mécanique adéquate pour qu’une mastication insuffisante n’en réduise pas la digestibilité. Dans le cas des mélanges du commerce, il faut donc choisir ceux qui contiennent des céréales qui ont été laminées, écrasées ou floconnées ou ceux qui sont entièrement granulés. Si on doit apporter davantage d’énergie, on peut aussi travailler avec des cossettes de betteraves fourragères trempées ou avec des huiles végétales.

Ne pas oublier les minéraux

Si on ne donne pas de concentrés contenant des prémix minéraux, il faut donner les minéraux sous forme de pierres ou seaux à lécher ou de pellets. Ces derniers peuvent p. ex. être mélangés avec les bouchons ramollis de fourrages grossiers. Il y a des sels minéraux adaptés pour les chevaux dans la Liste des intrants.

L’eau

Vu que l’humidification des aliments par la salive diminue quand les chevaux ne mastiquent plus assez, on peut leur faciliter l’ingestion des fourrages en les humidifiant ou en les trempant. Une alimentation humide est de toute façon un avantage pour l’ensemble du système digestif. Le foin peut être passé à la vapeur ou mouillé, mais il faut tenir compte que des éléments nutritifs peuvent être lessivés suivant les techniques utilisées. Les bouchons de fourrages grossiers et les cossettes de betteraves doivent impérativement être trempés, mais les concentrés peuvent aussi être humidifiés juste avant de les donner ou même être mélangés avec de l’eau pour obtenir une bouillie. Dans le cas de tous les aliments humides, il est nécessaire de les affourager immédiatement afin d’éviter toute mauvaise fermentation.

Recommandations concrètes d’affouragement

Comme toujours dans l’alimentation animale, celle des chevaux doit suivre la règle que les changements devraient se faire lentement et graduellement pour qu’eux et leur flore intestinale puissent s’adapter à la nouvelle ration. Et, aussi pour les chevaux âgés, les concentrés ne devraient pas être donnés quand les estomacs sont vides mais après l’ingestion des fourrages grossiers.

Quels aliments fourragers conviennent à quels chevaux? Les réponses à cette question sont très individuelles. Pour les chevaux qui ont des problèmes de dents, on trouvera ci-après une liste de quelques aliments fourragers qui leur conviennent et qui sont disponibles en Suisse en qualité Bio ou Bourgeon. Ils sont listés par ordre décroissant de densité énergétique. Pour les chevaux en surpoids on devrait donc se concentrer plutôt sur ceux du haut, tandis que ceux du bas peuvent aider les chevaux maigres à prendre du poids. Les exemples de quantités se rapportent toujours à des chevaux moyens qui pèsent environ 500 kg. Ces quantités ne sont pas cumulables, mais les aliments de cette liste peuvent très bien être combinés entre eux.

Aliments fourragers et sources d'approvisionnement Remarques Exemples de quantités

Bouchons de fourrages grossiers (à base d’herbe)

Biomondo

Séchoirs

Marchands de fourrages grossiers bio
  • Les désignations varient selon les fabricants: bouchons, pellets ou cobs de foin, de prairie ou d’herbe
  • Devraient être ramollis en les faisant tremper et être distribués en plusieurs portions
  • Peuvent être utilisés pour compléter la ration ou pour remplacer les fourrages grossiers

Pour enrichir la ration:

p. ex. 1 kg par jour

Pour remplacer les fourrages grossiers:

p. ex.7 kg par jour

Pellets de luzerne

Biomondo

Séchoirs

Marchands de fourrages grossiers bio
  • Peuvent être ramollis en les faisant tremper
  • Bonne source de protéines
  • Forte teneur en calcium

1-2 kg par jour à répartir en plusieurs portions

Cossettes de betterave

Biomondo

Marchands de fourrages grossiers bio
  • Doivent impérativement être ramollies en les faisant tremper
  • Source d’énergie facile à digérer et sans céréales
0.5-1 kg de matière sèche par jour à répartir en plusieurs portions après avoir été ramollies

Mélanges d’aliments concentrés

Moulins fourragers
  • Si possible granulés ou – pour les céréales – écrasées ou floconnées
  • Peuvent être humidifiés avant distribution
  • Teneurs en éléments nutritifs variables selon les fabricants

Selon les recommandations des fabricants

1-2 kg par jour suffisent pour la plupart des vieux chevaux

Céréales pures

Moulins fourragers
  • Pour les vieux chevaux, prendre surtout de l’avoine, de l’orge ou du maïs
  • Les céréales doivent être laminées, écrasées ou floconnées

p. ex. 1 kg par jour réparti en au moins 2 repas

Huiles végétales

Moulins fourragers
  • Les huiles de tournesol, de colza ou de soja sont utilisées comme sources d’énergie pure
  • Habituation lente importante
  • Donner de plus petites quantités dans le cas des huiles plus exotiques (p. ex. de noix de coco ou de lin)

2-3 fois par jour 1 dl (max. 5 dl par jour)

p. ex. donner avec des bouchons de fourrages grossiers ramollis

Aliments minéraux

Moulins fourragers

Les aliments minéraux autorisés figurent dans la Liste des intrants. Certains fabricants font en outre à façon les mélanges personnels demandés par les clients

  • N’apportent pas d’énergie mais des substances minérales, des vitamines et des oligoéléments
  • Les aliments minéraux existent sous forme de pellets, de poudres et de pierres ou masses à lécher
  • Particulièrement importants pour les chevaux au régime qui reçoivent seulement des fourrages grossiers ou une ration très peu variée

Selon les recommandations des fabricants

 

Astuce : Pour les chevaux qui font la fine bouche, on peut mélanger les aliments avec un peu de jus ou de purée de pomme afin de favoriser l’ingestion des fourrages.

 

Informations supplémentaires

Chevaux (toute la rubrique)

 

Texte : Marie Dittmann, FiBL

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