On a rarement vécu une assemblée des délégués (AD) de Bio Suisse avec aussi peu de discussions. Une seule motion a été débattue et elle a suscité peu de réactions. Approuvé à l'unanimité, le budget n'a occasionné qu'une prise de parole et la stratégie présentée n'a aussi pratiquement pas été commentée.
«Produire avec la nature»
Dans son introduction, Urs Brändli a cité Darwin: «Tout ce qui va à l'encontre de la nature ne peut perdurer». Produire avec la nature est le credo de Bio Suisse. Cela s'avère toutefois toujours plus compliqué: «trop sec ou trop mouillé, trop froid ou trop chaud; les conditions météorologiques nous mettent régulièrement à rude épreuve», selon Urs Brändli. Les exploitations biologiques devraient elles aussi contribuer à diminuer les impacts sur le climat, mais il est encore plus important de les rendre résilientes. Bio Suisse soutient ce renforcement de toutes ses forces. De son côté, le codirecteur Rolf Bernhard s'est réjoui de la résilience dont fait déjà preuve le système bio.
Les principales décisions sont résumées ci-après:
- Le budget 2026 a été approuvé sans opposition ni abstention. Il a été présenté pour la première fois par le nouveau responsable des finances Florian Gürtler. Il prévoit 26,4 millions de francs de recettes (+ 400'000 francs par rapport à 2025) et des dépenses légèrement inférieures. Le bénéfice attendu s'élève à un peu plus de 300 000 francs.
- Le financement de l'abolition de la mise à mort des poussins mâles décidée il y a quatre ans reste inchangé. Dans ce modèle, les coûts liés à l'engraissement des frères-coqs sont reportés sur les poules et répercutés sur les consommateurs par le biais d'un prix de l'œuf plus élevé. La motion de Bio Fribourg et de Bio Genève voulait que les augmentations des coûts pour les poules ne soient pas financées par les producteurs mais par le biais d'un modèle alternatif. Les OM voulaient que Bio Suisse soumette à la prochaine assemblée des délégués une proposition sur la manière dont les coûts pourraient être supportés par un modèle de financement alternatif. Le comité a recommandé de rejeter la motion. Selon lui, il serait faux de vouloir modifier les règles juste avant d'atteindre l'objectif. 80 pour cent des frères-coqs sont déjà engraissés actuellement et ce pourcentage doit atteindre 100 pour cent dès 2026. Un délégué a exprimé sa crainte que la nouvelle règlementation proposée n'engendre davantage de charge administrative. Les délégués ont suivi le comité et ont rejeté la motion à une large majorité.
Autres objets:
- Le codirecteur Balz Strasser a effectué une rétrospective détaillée de la stratégie Avanti 2025 qui s'achève. L'objectif des 25 pour cent d'exploitations bio a été largement manqué, ce chiffre s'élevant actuellement à 18,9 pour cent. Bio Suisse reste toutefois fidèle à cet objectif. Dans la stratégie 2030 approuvée au printemps, un nouvel objectif de 10 000 exploitations a été formulé. Ce chiffre devrait correspondre à environ 25 pour cent des exploitations encore existantes au moment où l'objectif sera atteint, estime Balz Strasser. Il a expliqué que le Bourgeon doit aussi être renforcé dans la nouvelle stratégie, l'accent étant aussi placé sur la révision du cahier des charges.
- Andreas Hofmann, responsable du secteur Numérisation et Informatique chez Bio Suisse a présenté aux délégués le portail «My Bio Suisse» récemment lancé. Celui-ci permet aux membres d'effectuer des mutations simples, comme procéder à un changement d'exploitant, commander des vignettes BDTA ou consulter en tout temps toutes les factures et les documents. Les processus sont transparents et il ne sera plus nécessaire de saisir plusieurs fois des informations. Les check-up biodiversité et climat s'effectueront à l'avenir aussi par le biais de «My Bio Suisse». L'introduction se fera progressivement. Les membres seront informés personnellement par écrit. Le portail devrait ultérieurement aussi être accessible aux preneurs de licence.
- Michael Kipfer, de Stettlen, dans le canton de Berne, s'est vu décerner le vingtième Grand Prix Bio Suisse (nous avons communiqué à ce sujet). Il exploite son domaine agricole en combinant avec succès protection des sols, culture sur buttes et charbon végétal, comme le rapporte Bio Suisse. La conjugaison de ces trois techniques culturales montre de manière concrète comment on peut réussir à préparer les champs bio pour l'avenir face à des évènements météorologiques de plus en plus extrêmes. «Le projet de Michael Kipfer montre très clairement qu'il faut combiner différentes mesures pour réussir à protéger le climat et atteindre la résilience dans l'agriculture biologique», a déclaré Madeleine Kaufmann, présidente du jury. Le lauréat a déclaré aux délégués qu'il souhaitait investir son trophée dans un nouvel outil de pyrolyse.
- Biofarm renonce pour l'instant à une motion d'adaptation dans la stratégie et le cahier des charges. Lors de l'AD du printemps 2025, Biofarm avait demandé que la stratégie soit modifiée afin de garantir la priorité suisse prévue dans le cahier des charges. De plus, la coopérative voulait intégrer le passage suivant dans le cahier des charges: «Seuls les produits qui n'existent pas en Suisse ou qui ne sont pas disponibles en quantités suffisantes peuvent être importés et leur commercialisation avec le Bourgeon autorisée. La commercialisation avec le Bourgeon de matières premières importées est restreinte en cas d'approvisionnement indigène suffisant».
Cet objet a été reporté à l'automne car il nécessitait des discussions trop importantes, mais il n'a pas été inscrit à l'ordre du jour mercredi, notamment aussi car aucun objet concernant le cahier des charges n'est prévu à l'ordre du jour de l'AD de l'automne. Hans Georg Kessler, de Biofarm, est intervenu afin d'anticiper toute question éventuelle sous le point «Divers». Pour Biofarm, la situation du marché bio et son évolution sont déterminantes. «Notre objectif est de maintenir et de créer de bonnes possibilités d'écoulement pour les producteurs de grandes cultures et de fruits bio». Dans le cadre de discussions avec le secrétariat de Bio Suisse, il s'agit d'examiner comment la priorité suisse peut être mise en œuvre dans la pratique.
L'élément décisif pour que nous puissions lever les restrictions de production pour certaines cultures est que nous puissions intégrer les responsables de la grande distribution dans la démarche», selon Hans Georg Kessler, «cela représente un défi dans la situation actuelle du marchén.
«L'élément décisif pour que nous puissions lever les restrictions de production pour certaines cultures est que nous puissions intégrer les responsables de la grande distribution dans la démarche», selon Hans Georg Kessler, «cela représente un défi dans la situation actuelle du marché».
Un premier succès a été obtenu récemment avec l'avoine alimentaire (nous avons communiqué à ce sujet). «Nous allons rester attentifs avec les autres cultures», selon Hans Georg Kessler. Suivant l'évolution des discussions et des négociations, Biofarm décidera s'il est nécessaire d'agir et si une décision concernant la formulation du cahier des charges devra être prise par l'AD du printemps.
Adrian Krebs, FiBL
Pour en savoir plus
Documents relatifs à l'Assemblé des délégués (bio-suisse.ch)
Communiqué de Bio Suisse (bio-suisse.ch)
Motion de Bio Fribourg / Bio Genève concernant l'abolition de la mise à mort des poussins mâles (bio-suisse.ch)
Motion de Biofarm du printemps 2025 (bio-suisse.ch)
Le nouveau portail My Bio Suisse (portal.bio-suisse.ch)
