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La plateforme des agriculteurs et agricultrices bio

L’atelier prospectif FNRB 2021

Le FNRB a démarré en 2021 un atelier de réflexion sur l’avenir, dont le but est d’identifier les futurs défis ainsi que les possibilités d’y répondre afin de contribuer à la poursuite du développement de l’agriculture biologique en Suisse. C’est dans un processus d’échanges interactifs avec des membres et des invités de l’ensemble de la filière de création de valeur de l’agriculture et de l’agroalimentaire que des sujets sont abordés et traités en rapport avec les deux questions suivantes:

  1. «Et si 50% des agriculteurs et des agricultrices suisses pratiquaient l'agriculture biologique en 2035?
  2. «Si c’était voulu sur le plan sociétal, quels obstacles faudrait-il surmonter?»

Les sujets et les questions y relatives été formulées avec les participants lors d’un premier atelier qui s’est déroulé le 10 mars 2021. Ces sujets sont étudiés au cours de cette année dans le cadre de plusieurs groupes de travail pluridisciplinaires. Les résultats des groupes de travail seront présentés en décembre 2021 lors de la réunion finale.

Vers le haut

Atelier prospectif: la réunion de lancement du 10 mars

Le Forum national de la recherche biologique FNRB lance une forme prometteuse de collaboration en 2021 avec l’«atelier prospectif FNRB». La réunion de lancement a eu lieu le 10 mars.

L’essentiel en bref

«Et si 50% des agriculteurs et des agricultrices suisses pratiquaient l'agriculture biologique en 2035? «Si c’était voulu sur le plan sociétal, quels obstacles faudrait-il surmonter?» C'est pour répondre à ces questions que le comité directeur du FNRB a invité des participant-e-s à la réunion de lancement de l'atelier prospectif de cette année, tenue le 10 mars. 75 personnes issues de la production agricole, de la recherche, du transfert de connaissances, de la vulgarisation, de la transformation, des organisations environnementales, du commerce de détail et de la gastronomie ont participé à cet événement d’une journée organisé en ligne. Il a réuni un «mélange de participant-e-s de l’ensemble du secteur agroalimentaire, ce qui fait du FNRB quelque chose de particulier» (Balz Strasser, Bio Suisse).

L'atelier prospectif est un espace où chacun est invité à réfléchir ouvertement à tous les aspects de la chaîne de valeur, à poser de nouvelles questions et, partant, à élaborer de nouvelles visions et approches pour une agriculture et un secteur alimentaire durables en Suisse. Lors de la réunion de lancement, des groupes de travail ont été formés pour traiter de thèmes sélectionnés. Ces groupes de travail se réuniront encore trois fois au cours de l'année.

L'objectif est, d’ici à l’événement final du 9 décembre 2021, de recueillir, d’évaluer et de prioriser des questions sur la croissance et la prospérité de l'agriculture durable. La nécessité d'agir et les zones de tension seront mises en lumière, des idées convaincantes seront développées et des plans seront élaborés sur la manière dont ces idées pourraient être mises en œuvre. Dans le même temps, une forme de collaboration innovante sera lancée.

L'atelier prospectif a été conçu et est encadré par scaling4good, un «Think-and-Do-Tank» spécialisé en travail collaboratif dans le cadre de l’évolution sociétale. Le contenu et la nature de la collaboration des deux événements majeurs de mars et de décembre sont illustrés par Marie-Pascale Gafinen. Des mises à jour sur le travail au sein de l’atelier prospectif seront régulièrement publiées sur Bioactualites.ch.

Image complet

Contexte

La nécessité d'agir face à la crise climatique et à la perte de biodiversité est grande et l'agriculture porte «une responsabilité particulière à cet égard» (Lucius Tamm, FiBL). En tant que lien entre la recherche et la pratique, le FNRB dispose d'une large base de personnes intéressées et actives qui apportent d’importantes connaissances pratiques, scientifiques et logistiques. C'est pourquoi le FNRB s'est fixé comme objectif pour 2021 de réunir des personnes issues de l'ensemble de la chaîne de valeur du secteur agroalimentaire afin d'identifier conjointement les questions les plus importantes, les plus urgentes et les plus utiles pour la recherche et la pratique.

Il faut cependant des «visions claires» (Balz Strasser, Bio Suisse) pour que ces connaissances sur l'agriculture durable et l'agriculture biologique puissent être utilisées à l'avenir de manière ciblée et qu’elles soient efficaces pour tous. «Car», comme l'a souligné Eva Reinhard, responsable d'Agroscope, dans son allocution de bienvenue, «les résultats scientifiques sont déjà nombreux, mais il faut maintenant les placer dans les bons contextes». Les représentant-e-s du FNRB sont convaincus que la collaboration entre différents acteurs-trices permettra d'atteindre les objectifs. Pour cela, de nouveaux espaces sont nécessaires pour penser au-delà de son propre horizon et en compagnie de toutes les personnes concernées. Avec l'atelier prospectif, le FNRB a créé ce type d’espace pour l'année 2021.

Ce qui a été entrepris jusqu'à présent

L’«atelier prospectif» est une «expérimentation» (Lucius Tamm, FiBL) et un «voyage d'étude» (Katrin Hauser, scaling4good) afin que «la vision d’une agriculture durable devienne réalité» (Eva Reinhard, Agroscope). C'est par ces mots que les participant-e-s ont été accueillis à la réunion de lancement du 10 mars. Le programme prévoyait de l'inspiration, des activités et même de petites pauses pour faire de l'exercice.

Trois exposés ont servi de source d'inspiration:

  • Robert Finger, professeur de politique et d'économie agricoles à l'EPFZ, a expliqué que les différentes initiatives sur l’agriculture sont aussi l'expression que la politique est à la traîne en ce qui concerne les besoins de la société. Dans le même temps, il a souligné que l'agriculture dans son ensemble est confrontée à des défis structurels majeurs et que l'agriculture biologique donne une impulsion importante à cet égard. Présentation (en allemand) (1.6 MB)
  • Ariane Tanner, historienne indépendante et collaboratrice chez scaling4good, a parlé des projets de culture industrielle d'algues des années 1950/60 et comment cette vision d'un approvisionnement alimentaire mondial a échoué parce qu'elle ne tenait pas compte de l'ensemble de la chaîne de valeur. Présentation (en allemand) (1.1 MB)
  • Hans Rusinek, doctorant à l'Université de Saint-Gall (HSG) et journaliste au magazine «transform», a souligné quant à lui qu'il y a un fossé entre la connaissance et l'action, qui découle également du fait qu'il existe trop d'images négatives sur l'avenir (climatique)». Et d’ajouter: «le changement nous accompagne toujours, mais nous sommes invités à le façonner activement et à parler davantage, en tant que société, de ce que nous voulons aussi vivre de positif à l'avenir». Présentation (en allemand) (1.9 MB)

Anaïs Saegesser de scaling4good a fourni une inspiration supplémentaire sur le thème de la coopération et de la collaboration. Un puzzle est synonyme de coopération: avec une répartition claire des tâches, on peut assembler les pièces d’un puzzle. L'élaboration d'une histoire en images, en revanche, est une collaboration: il faut parler, échanger, expliquer. Cela demande certes plus d'efforts, mais c'est aussi plus vivant et plus joyeux. «Le but», précise Anaïs Saegesser, «n'est pas de dire que la première forme de travail (la coopération) est plus mauvaise que la seconde (la collaboration), mais que l’on peut choisir celle qui est le plus utile au moment voulu».

Avec cette suggestion, sept groupes se sont lancés dans les «breakout-sessions». Les participant-e-s ont choisi une thématique qui est importante pour eux. Les thèmes abordés portaient sur différents domaines tout au long de la chaîne de valeur du secteur agroalimentaire. L'objectif de la journée était de trouver une compréhension commune du sujet dans ces groupes et de découvrir les questions les plus importantes, les obstacles et les synergies avec d'autres sujets. Le fil rouge des discussions a toujours été l'hypothèse du FNRB: «Et si 50% des agriculteurs et des agricultrices suisses pratiquaient l'agriculture biologique en 2035? «Si c’était voulu sur le plan sociétal, quels obstacles faudrait-il surmonter?» Au cours de la journée, sept groupes de travail se sont formés au cours de quatre étapes et ils traiteront de six sujets.

Les questions clés et les priorités pour chaque thématique sont présentés dans les illustrations ci-dessous. Les breakout-sessions ont été encadrées par des animateurs-trices et des rédacteurs-trices de procès-verbaux des trois organisations Bio Suisse, FiBL et Agroscope. Toutes et tous avaient été préparés par scaling4good pour leur mission exigeante.

«Tout est en quelque sorte lié», a fait remarquer un participant du groupe thématique «Alimentation et agriculture dans la société et la politique». Oui, les thèmes sont complexes, liés de manière multidimensionnelle et ont été éclairés de manière tout aussi diverse par les participant-e-s. Cela a conditionné ce qui était également l'objectif de la réunion de lancement: utiliser cet espace de confiance pour de nouvelles questions et visions, pour s'écouter mutuellement et aussi pour se laisser surprendre.

L'illustratrice Marie-Pascale Gafinen a prouvé qu'elle avait une «oreille très fine» et une main de dessinatrice exceptionnelle; se promenant toute la journée en arrière-plan des breakout-sessions, elle a mis en image les discussions perçues. Le tableau d'ensemble qu'elle a dressé à la fin de la journée a montré à la fois les contenus et la voie que le FNRB a empruntée avec son approche ouverte lors de l'atelier prospectif.

Les membres du comité directeur du FNRB, Lucius Tamm (FiBL), Eva Reinhard (Agroscope) et Balz Strasser (Bio Suisse), ont également participé aux discussions dans les différents groupes thématiques. Le support technique pour les outils en ligne a été fourni par le FiBL sous la direction de Chigusa Keller pour l'organisation et la coordination. Karine Contat et Birgit Köppen ont assuré la traduction en français, ce qui a été très apprécié.

La suite

Les groupes de travail sont désormais formés. D'autres personnes intéressées ont encore la possibilité de les rejoindre. Des personnes (facilateurs-trices) accompagnent efficacement les groupes de travail. Elles ont été préparées à cette tâche par scaling4good. Des réunions régulières de ces accompagnateurs-trices permettront le transfert de connaissances entre les groupes de travail et l'utilisation des résultats issus de la collaboration entre les groupes de travail.

L'objectif des groupes de travail est de formuler, d'ici à l'événement du 9 décembre 2021, les questions qui donneront une impulsion à moyen et à long terme à la recherche, à la pratique et tout au long de la chaîne de valeur et qui pourront être utilisées pour poursuivre le développement et la mise en œuvre d'une agriculture et d’un secteur alimentaire durables. Les participant-e-s disposeront d'une plateforme pour le développement collaboratif de solutions viables et doivent trouver l’inspiration pour développer et mettre en œuvre des approches allant au-delà des contextes dans de futurs projets.

Les nouveautés concernant les groupes de travail au cours de l'année seront disponibles sur ce site.

Avez-vous des suggestions ou des questions ?
Si tel est le cas, veuillez contacter Chigusa Keller du FiBL.

Ariane Tanner, scaling4good

Pour en savoir plus

Forum national de la recherche biologique (rubrique actualités)
www.scaling4good.com (site web de scaling4good, en anglais)
www.gafinen.com (site web de Marie-Pascale Gafinen, en allemand)

Mise à jour, juillet 2021 - Lancement d’un atelier: «Nous avons pu travailler de manière créative, cela fut fantastique!»

Sept groupes de travail de l’«atelier prospectif» ont été lancés: un aperçu de cette nouvelle forme de collaboration.

L’atelier prospectif du Forum national de la recherche biologique (FNRB) revêt une forme particulière pour la Suisse: les trois organisations responsables Agroscope, Bio Suisse et FiBL réunissent des chercheurs et des chercheuses ainsi que des praticiennes et des praticiens afin de développer des questions et des idées de projets pour l’agriculture en Suisse. Un autre objectif de l’atelier prospectif est de faciliter et de consolider une nouvelle forme de collaboration entre les différents acteurs tout au long de la chaîne de création de valeur. Les organisations responsables encouragent délibérément la co-conception, l’initiative et la dynamique par le biais de groupes de travail. Les résultats attendus de cette collaboration sont des priorités thématiques et des problématiques pour la recherche ou des idées de projets qui sont pertinentes pour l’ensemble des participants et qui devraient également être traitées au-delà de l’atelier prospectif.

La plupart des groupes de travail se sont réunis en ligne pour la première fois entre le week-end de votations du 13 juin 2021 et début juillet. Avec le rejet des initiatives sur l’eau potable et sur les pesticides en particulier, on a pu constater les forts conflits d’intérêts qui peuvent apparaître. Cela plaide en faveur de la nécessité de disposer de canaux de collaboration comme l’atelier prospectif, où les différents acteurs peuvent travailler ensemble sur des solutions innovantes dans un environnement de confiance. Les groupes de travail se réuniront encore deux fois (en ligne) jusqu’à l’évènement de clôture du 9 décembre 2021. Voici quelques premières impressions.

De personnes compétentes, d’outils et de matériaux appropriés

Un atelier a besoin d’un lieu, de personnes compétentes, d’outils et de matériaux appropriés. L’emplacement de la table de travail et les personnes compétentes ont déjà été trouvés lors de la réunion de lancement du 10 mars 2021: sept groupes de travail de huit à quatorze personnes se sont constitués autour de six domaines thématiques (voir en haut). Le soir de la réunion de lancement, plusieurs participant-e-s se sont spontanément portés volontaires pour s’occuper de concevoir, d’organiser et d’animer les réunions des groupes de travail. Entre-temps, on a trouvé presque partout des équipes de deux personnes pour faciliter les groupes, ce qui est très apprécié car préparer et concevoir la séance ensemble est non seulement instructif mais aussi plus amusant.

Les impulsions initiales et les outils appropriés pour animer les réunions des groupes de travail ont été fournis par scaling4good.

 Illustration: Marie-Pascale Gafinen 

La collaboration commence par soi-même

Lorsque de nouvelles personnes compétentes se retrouvent autour d’une table de travail, elles apportent naturellement leurs propres outils: ainsi, par exemple, un facilitateur a mis en place une plateforme de communication en ligne pour tous les groupes sur wechange.de, où l’on peut trouver les documents les plus importants concernant l’atelier prospectif, mais aussi échanger des nouvelles et trouver des dates communes. Un autre facilitateur a développé son propre tableau en ligne avec lequel il pouvait mieux travailler. Les responsables des groupes ont donc commencé à s’organiser et ont conçu la réunion concrète d’une manière qui leur convenait. Ils véhiculent ainsi déjà l’idée du FNRB de faire participer et d’associer le plus grand nombre possible de personnes intéressées. La propre expérimentation des formes de travail collaboratives est toujours étayée par scaling4good, car agir de manière proactive et essayer sont la clé d’un changement auto-responsable.

Premiers retours: qu’est-ce qui a fonctionné?

Il n’est donc pas étonnant que les facilitateurs de la première réunion d’échange avec scaling4good aient communiqué avec plaisir ce qui a bien fonctionné: «Nous avons pu travailler de manière créative, cela fut fantastique». Il y a eu une bonne ambiance, un échange équitable et le groupe s’est bien soudé. D’autres expériences importantes ont été signalées, comme une facilitatrice l’a souligné: il a été très utile de donner plus de temps au groupe pour trouver un langage commun: «Quel est exactement notre thématique? Cela signifie la même chose pour nous tous? Quelles sont les questions les plus importantes pour nous? Sont-elles toujours les mêmes que lors de la réunion de lancement ou voulons-nous les adapter?».

En d’autres termes, le stock de matériaux de l’atelier a été réapprovisionné. Les groupes de travail ont discuté afin de formuler leurs principales préoccupations et de trouver une orientation commune. C’est un résultat de l’atelier prospectif en soi, ou comme l’a formulé un facilitateur: «Pour moi, voilà un objectif essentiel: trouver comment travailler ensemble.»

Premières ébauches sur la table de travail

La preuve que les espaces ouverts sont utilisés de manière créative et engendre de la valeur a également été apportée par les premières idées pour les résultats des groupes de travail. Au départ, la direction du projet avait en tête des problématiques de recherche et des idées de projet. Maintenant, aux différentes tables de travail, de premières ébauches ont été développées: s’agit-il d’un apport de la pratique ou d’une recommandation d’action destinée à des institutions? Pourrait-il également s’agir de l’élaboration de scénarios ou même d’un «white paper»? Mais surtout, qui doit lire ou entendre les résultats?

Ceci sera la prochaine grande mission des groupes de travail: ils peuvent et doivent décider de ce qui est un résultat réaliste dans le contexte de l’atelier prospectif, de ce à quoi il devrait ressembler et à qui il devrait être adressé. Ils décideront du matériau et de la transformation nécessaire, et s’ils veulent faire appel au savoir-faire d’experts externes. Ce processus bat son plein en ce moment. Laissons-nous surprendre.

Ariane Tanner, scaling4good

Participer, pour un effet durable – mise à jour d'octobre 2021

La participation consiste à impliquer les différents groupes d’intérêt dans un processus décisionnel. La participation permet de démocratiser l’influence exercée et de décentraliser le pouvoir d’action.

Cependant, deux éléments sont toujours une condition préalable à la réussite des processus de participation: Premièrement, chacun doit être prêt à participer activement, à apprendre et à engager une réflexion critique; deuxièmement, il faut une direction de projet et un encadrement qui laissent la place à la co-création. Ces principes peuvent être appliqués à diverses formes de participation, comme au Forum national de la recherche biologique et à «l’atelier prospectif».

L’atelier prospectif est un projet participatif de ce type dans le cadre du FNRB et il est en cours depuis le 10 mars 2021.

Bravoure et préoccupations

Depuis l’événement de lancement, la plupart des groupes de travail se sont réunis deux fois et se réuniront une troisième fois avant l’événement final du 9 décembre. scaling4good a également déjà rencontré les animateurs-trices des groupes de travail deux fois virtuellement et a discuté des questions, des résultats intermédiaires et des problèmes rencontrés au cours du processus.

Deux sujets ont particulièrement retenu l’attention lors de la dernière réunion, qui s’est tenue à la mi-octobre 2021: premièrement, la manière dont les facilitateurs-trices ont relevé les défis jusqu’à présent, sans appréhension et en s’orientant vers des solutions. Deuxièmement, les préoccupations qu’ils ont exprimées quant à l’impact des groupes de travail, à savoir ce qu’il faut faire pour que les résultats des groupes de travail ne finissent pas au fond d’un tiroir pour y prendre la poussière? Ces deux questions sont typiques des projets participatifs.

L’animation est l’alpha et l’oméga

Sans un encadrement engagé par du personnel formé, les groupes de travail ne peuvent pas fonctionner. Les animateurs-trices apportent une contribution indispensable à l’atelier prospectif, qui leur prend également beaucoup de temps, puisqu’ils doivent s’occuper du contenu, ainsi que des aspects organisationnels et humains. Trouver un «langage commun» ou une «définition commune des termes», comme l’ont expliqué divers animateurs, est tout sauf simple, mais permet de poser les bases d’une compréhension mutuelle.

Les animateurs ont également fait preuve de beaucoup d’imagination pour surmonter les éventuelles incompatibilités. Un groupe s’est rendu sur le terrain et a pu observer comment fonctionnait l’agriculture régénérative et poser ses questions sur place. Ils ont ainsi découvert, par exemple, que dans leur groupe, tout le monde n’avait pas la même définition de ce qu’était «l’humus».

Mais une séance de groupe de travail ne se limite pas à sa préparation et à sa réalisation. Après chaque réunion, l’équipe d’animation s’efforce de trouver un «fil rouge» qui rassemble les nombreuses idées et les différents axes de discussion afin, lors de la réunion suivante du groupe de travail, de faire le bilan des acquis et de progresser.

Cette discussion sur le contenu est intense. En outre, tous les groupes de travail prennent conscience de l’importance du transfert de connaissances entre eux et réfléchissent à comment l’organiser. L’urgence de certaines questions qui portent sur l’organisation future n’est donc pas surprenante: Comment créer une visibilité pour les résultats des groupes de travail à l’issue de l’atelier prospectif à la fin de l’année? Comment l’expérience acquise au cours de cette année peut-elle être pérennisée pour le FNRB? Comment obtenir des effets sur la base des résultats obtenus? Ceci nous mène directement au deuxième sujet qui a été rapporté.

Les effets doivent être cultivés

La participation est toujours plus complexe que les décisions imposées, mais plus durable si son effet se perpétue. Les projets réussis ont toujours un effet qui va plus loin et dépassent leur durée initiale. Ils établissent de nouvelles approches et une forme de collaboration; ils fixent de nouvelles priorités thématiques, ouvrent la voie à des projets ultérieurs ou permettent de travailler avec de nouveaux partenaires.

Dans l’exemple de l’atelier prospectif, étendre les effets signifierait alors réfléchir à comment faire fructifier les précieuses expériences acquises lors de la participation; c’est-à-dire qu’il est également nécessaire de réfléchir aux ressources nécessaires à la consolidation institutionnelle et à la réussite du transfert de connaissances ainsi qu’à la mise en pratique.

Afin de prendre en compte tout le temps et l’énergie consacrés par les animateurs-trices et les participant-e-s des groupes de travail, une séquence sur la visualisation et le développement des effets sera organisée lors de l’événement de clôture du 9 décembre 2021. C’est une question qui occupera le FNRB au-delà de l’atelier prospectif, et pour laquelle les groupes de travail ont déjà accumulé beaucoup d’expérience et développé des idées.

Nous attendons donc avec impatience l’événement final de l’atelier prospectif, le 9 décembre 2021.

Ariane Tanner, scaling4good

L’avenir de l’agriculture durable

Repenser l’agriculture biologique permet de mettre le doigt sur les lacunes de la recherche. De nouvelles possibilités d’action, de collaboration et de projets futurs apparaissent alors. C’est ce qu’a prouvé «L’Atelier prospectif» 2021 du FNRB, qui s’est achevé le 9 décembre à la Schützi d’Olten où il avait réuni environ 65 participants. Une journée consacrée à l’appréciation des résultats des sept groupes de travail ainsi qu’à la poursuite et à l’approfondissement des thèmes.

Lorsque des acteurs et actrices représentatifs de l’ensemble de la chaîne de valeur du système agroalimentaire sont invités à identifier les questions les plus importantes pour la recherche et la pratique d’une agriculture durable, les choses deviennent rapidement complexes - mais aussi concrètes. «Complexe», car il s’est avéré que l’agriculture biologique est un point de départ pour réfléchir aux relations écologiques, au développement économique, aux valeurs éthiques et à la cohabitation socioculturelle. L’agriculture biologique met en lumière la structure globale de notre vie, du travail et de l’alimentation au savoir et à la recherche, en passant par le social et le bien-être.

Pouvoir penser de manière complexe et agir de manière concrète

«Concret», parce que, dans des groupes de personnes aussi averties, il est possible d’évaluer rapidement les conséquences des moindres changements au sein de l’ensemble de la chaîne de création de valeur et d’identifier les conflits d’objectifs. Les participant-e-s ont réussi à mettre à profit leurs connaissances et leur expérience pour élaborer des recommandations d’action et proposer des solutions.

Sept groupes de travail composés de membres des trois institutions faîtières (FiBL, Bio Suisse et Agroscope) et d’autres acteurs-trices de l’agriculture et de l’agroalimentaire suisses ont réfléchi pendant huit mois à des questions clés et ont travaillé à formuler des concepts. Le matin de la journée de clôture, les résultats des groupes de travail ont été présentés sur la grande scène de la Schützi. L’après-midi a été consacré aux questions posées par le public aux groupes de travail qui ont été discutées sous la forme d’un «World Café». Il est prévu que les résultats détaillés des groupes de travail soient publiés au printemps 2022 dans le «Rapport d’atelier». Nous résumons ici quatre résultats importants de la journée.

Thèmes clés: sol et transfert de connaissances

Dans le domaine agro-écologique, il est urgent d’agir dans le contexte du sol, dans lequel les questions des subventions nuisibles à la biodiversité et de la réduction des dommages causés à l’environnement se dégagent nettement. Parallèlement, il s’agit ici de questions très pratiques concernant les techniques agricoles régénératives. Il a été décrit de manière saisissante comment parvenir à nourrir les vers de terre dans une parcelle avec des engrais de ferme préparés, dans le but d’obtenir des sols résilients. Des agriculteurs ont décrit des pratiques qui ont fonctionné et ont discuté avec des chercheurs des questions en suspens. Pendant ce temps, deux récipients différents contenant de la terre ont été mis à disposition du public qui a ainsi pu sentir et toucher ce que c’était que de l’humus friable qui coule entre les doigts.

Visites d’étables par des scientifiques et expérimentation sur le terrain

Un deuxième point fort de la journée se rattachait également à des expériences et des pratiques concrètes: le transfert de connaissances. Il est apparu dans les groupes de travail que l’on obtenait davantage de valeur ajoutée et de meilleures solutions en décloisonnant les silos professionnels et en mettant en contact le monde des agriculteurs-trices avec le laboratoire de recherche et, inversement, en donnant des bottes en caoutchouc aux chercheurs et en leur faisant visiter des étables.

C’est ce que montre l’exemple saisissant de Lucerne: des scientifiques se sont rendus sur place pour comprendre les préoccupations des paysans et paysannes et ont pu en contrepartie apporter leurs connaissances en matière de santé animale. Dans un autre cas, celui de la culture de maïs d’ensilage sans labour, la technique avait été testée à plusieurs reprises sur le terrain, mais la supervision scientifique ou le transfert vers la recherche et l’évaluation faisaient défaut.

 

De nombreux groupes de travail avaient pour but d’améliorer cette interface à l’avenir. Le thème du «transfert de connaissances» a été le fil rouge de toute la journée, comme on peut le voir sur l’illustration de Marie-Pascale Gafinen, qui matérialise désormais l’atelier prospectif sous forme graphique («Graphic Recording» ou facilitation graphique). Le mot-clé «recherche participative» est également important dans le contexte du transfert de connaissances. Un groupe de travail a expliqué comment il se représentait la chose: un organe devrait être créé, dont les agriculteurs-trices feraient partie, afin de rassembler les questions importantes pour la pratique. Les agriculteurs-trices devraient également être impliqués dans la priorisation et la sélection des questions de recherche. On a recommandé de contrecarrer la pression de la spécialisation afin de répondre à la complexité des défis, et d’aborder également les questions climatiques et l’érosion de la biodiversité. Dans la pratique, de telles approches en réseau sont déjà largement expérimentées; ce qui fait souvent défaut, c’est la supervision scientifique. Celle-ci est pourtant nécessaire, «même si la science n’a pas réponse à tout».

Surmonter les obstacles: convergence progressive vers les objectifs de durabilité

Un troisième point fort de la journée était ce que l’on appelle les obstacles: Comment peut-on supprimer les obstacles pour que davantage d’agriculteurs-trices se lancent dans le bio? Un groupe de travail a par exemple montré que le problème des dommages environnementaux ne peut pas être abordé uniquement du point de vue de la production. Il faut également promouvoir des structures de marché adaptées et impliquer les consommateurs-trices; il faut «assumer ensemble la responsabilité des prestations écosystémiques». Un autre groupe a suggéré qu’il serait peut-être bon de faire la distinction entre «obligation» et «option» dans la conversion entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. Cela faciliterait les premiers pas et éviterait tout à la fois d’avoir à attendre aussi longtemps de pouvoir bénéficier des prix plus élevés sur le marché. Le groupe de travail a illustré son propos à l’aide d’une échelle sur laquelle il a mis des mots sur les différentes adaptations et mesures à prendre, étape par étape.

 

Les projets pilotes sont un instrument important pour aborder les obstacles. Ce qui est ressorti des différents groupes de travail c’est qu’il ne s’agissait pas de frapper un grand coup en matière de travail du sol, de directives, d’éthique ou de transformation. Il serait préférable de commencer tout de suite par de petits projets sur ces thèmes de fond.

Des projets pilotes à petite échelle pour commencer

L’un d’eux est un «laboratoire réel régional». A Bienne, on peut observer comment des institutions s’engagent désormais pour une alimentation durable. D’abord dans les maisons de retraite, puis bientôt dans les structures d’accueil pour enfants. De cette manière, au niveau local et régional, il est possible d’obtenir des résultats plus rapidement que si l’on attend une base légale.

Les prix et les marges constituent l’un des plus grands obstacles. Plusieurs groupes de travail ont exprimé le besoin de transparence dans ce domaine. Le mot clé est «True Cost», mais également la prise de conscience du fait que l’agriculture biologique repose sur l’obtention de prix plus élevés que l’agriculture conventionnelle. Cet obstacle est aussi fortement lié à la sensibilisation et à la communication, le quatrième point fort de la journée:

Communication pour «l’univers du bio»

Comment faire prendre conscience à de larges couches de la population de la valeur des denrées alimentaires et de la valeur du travail agricole? Un groupe de travail a souligné que la communication était un élément clé sur la voie vers plus d’agriculture biologique et d’acceptation sociétale, et ce tant vers l’intérieur que vers l’extérieur: il faut faire comprendre aux gens «comment fonctionne l’univers du bio». Il faudrait pouvoir expliquer les conflits d’objectifs «de manière simple, et parfois même drôle». Une énergie intense et un immense engagement ont été perceptibles durant toute la journée. On sentait qu’il fallait surtout continuer à réfléchir aux changements qui seraient bénéfiques pour l’ensemble de la chaîne de création de valeur. On souhaite s’engager sur des voies nouvelles, mais légitimées démocratiquement.

 

Katrin Hauser de scaling4good a animé la journée avec son style habituel, accueillant, bien informé et plein d’humour. Tout au long de l’année, elle a été le point d’ancrage de « L’Atelier prospectif» et la personne de contact pour toutes les demandes des facilitateurs-trices et des groupes de travail. Pour clore la journée, elle a également accueilli Lucius Tamm, Eva Reinhard et Balz Strasser pour un débat public.

L’enthousiasme suscité par de nouvelles approches

Le comité directeur n’a pas seulement perçu la confiance et l’énergie enthousiaste des participant-e-s, il a également entendu leurs recommandations d’action et leurs préoccupations en matière de recherche. Balz Strasser a déclaré qu’il était heureux qu’ils aient organisé cet atelier prospectif, car il permettait de mieux voir «comment renforcer le lien entre la pratique et la recherche». Pour l’avenir, il faudrait trouver des moyens de poursuivre la discussion. Eva Reinhard s’est félicitée de «la grande ouverture» constatée lors de cette journée par rapport au savoir.

Et Lucius Tamm a constaté qu’il s’agissait maintenant de trouver comment faire passer de manière plus directe les demandes de recherche jusqu’aux institutions. Il est ravi d’avoir entendu des approches totalement nouvelles, comme par exemple les réseaux virtuels de création de valeur. Il est important de toujours s’observer soi-même et de continuer à se développer pour que le secteur bio puisse intégrer les nouveautés, par exemple celles de l’agriculture régénérative, sachant qu’il y a aussi des approches de l’agriculture conventionnelle que le bio pourrait adopter. Tous se sont joints aux félicitations adressées aux participant-e-s par Balz Strasser, qui a été impressionné par «l’étendue des thèmes et les différents angles» sous lesquels ils ont été abordés.

L’atelier prospectif avait commencé au conditionnel. «Que se passerait-il si, en 2035, la moitié des agriculteurs-trices produisaient selon les règles de l’agriculture biologique?» Cette journée du FNRB a permis de montrer de multiples façons comment la possibilité exprimée dans la question de départ pouvait se traduire en une réalité.

January 2022, Ariane Tanner, scaling4good

 

Montage audiovisuel de l’événement

Pour en savoir plus

Forum national de la recherche biologique (FNRB) (rubrique actualités)
www.scaling4good.com (site web de scaling4good, en anglais)
www.gafinen.com (site web de Marie-Pascale Gafinen)
Rapport d'atelier: Atelier prospectif FNRB 2021 (2.3 MB) 
Schlussbericht NBFF (483.6 KB) vom 13.01.2022 (en allemand)
Fragen an FRC und Konsumentenschutz (435.0 KB) (en allemand)

 

Dernière mise à jour de cette page: 30.06.2022

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