Le réseau national suisse a encore de la place pour d’autres personnes intéressées et venant en particulier de la pratique agricole. Photo: Agridea, Zoe Schaub
La diversité est écrite en majuscules sur le domaine Farngut. Les surfaces dédiées à la production des grandes cultures et des légumes ne sont parcourues par des véhicules que sur des bandes herbeuses semées entre les cultures. Photo: FiBL, Simona Moosmann
Répartis en petits groupes, les participantes et participants ont discuté intensivement de différentes mesures d’encouragement de la biodiversité. L’opinion des praticiennes et des praticiens a ce faisant revêtu une importance particulière. Photo: FiBL, Simona Moosmann
La biodiversité a influencé dès le début la journée de visite du domaine bio Farngut: Un participant est arrivé trop tard au domaine situé dans le canton de Berne parce que, le matin, une araignée avait déclenché une fausse alarme dans le robot de traite. Le problème avait ensuite pu être rapidement résolu une fois qu'il avait été identifié.
Penser à long terme
Les problèmes de mise en œuvre des mesures d'encouragement de la biodiversité n'ont pas été balayés sous le tapis: Lors de l'évaluation des mesures sur le plan de la rentabilité, les participants sont arrivés à la conclusion que «sans les paiements directs, la plupart des mesures sont peu rentables à court terme». Tous étaient cependant d'accord sur le fait que de nombreux avantages se révèlent à long terme, et ils ont souligné surtout des facteurs comme la résilience, la rétention de l'eau ainsi qu'une amélioration de la pollinisation et de la protection des plantes.
Nombreuses surfaces de refuge
C'est pour ces raisons que Markus Bucher, de la ferme Farngut, veille à avoir dans sa ferme maraîchère une grande proportion de surfaces de refuge: «Si je veux avoir un système qui fonctionne, il faut que je veille à trouver un équilibre dans la surface de production et à créer une grande proportion de zones de refuge», dit-il avec conviction. Cela lui permet de limiter les produits phytosanitaires à un minimum. Le fait qu'une énorme biodiversité puisse s'établir dans ces conditions est confirmé par des comptages effectués spontanément par des spécialistes des espèces: Un ornithologue a trouvé en une heure et demie 43 espèces différentes d'oiseaux sur le terrain du domaine.
L'enjeu n'est quelquefois pas du tout de s'activer énormément pour cela mais d'autoriser des évolutions spontanées: «Mon expérience personnelle est que nous avons souvent trop peu de patience et que nous intervenons fréquemment beaucoup trop rapidement», a expliqué Markus Bucher en se référant à la réussite de ses mesures d'encouragement de la biodiversité.
Remettre l'acquis en question
Sur le domaine de Farngut, comme dans de nombreuses entreprises agricoles innovantes, on essaie et remet en question beaucoup de choses. Markus Bucher avait conclu notamment que «Le thème de la pollution du sol est trop peu pris en compte dans le domaine du maraîchage, et nous avons justement ici beaucoup de passages de tracteur avec des machines.»
C'est pourquoi il essaie avec le domaine voisin du Gerbehof une approche totalement nouvelle: Toutes les cultures poussent sur des bandes de 1,5 mètre de largeur entre lesquelles il y a des bandes étroites recouvertes d'herbe qui servent de voies de passage pour le petit tracteur. Elles ont pour objectif de réduire le plus possible les tassements du sol. «Nous dépensons beaucoup d'argent pour ces expérimentations, et aujourd'hui je choisirais d'autres mélanges de plantes pour ces bandes enherbées à demeure», avait admis Markus Bucher, qui a aussi mentionné que ces expériences sont en réalité très prometteuses.
Plus loin que le bout de son nez
Les exemples d'exploitations comme la ferme Farngut jouent un rôle essentiel dans le projet FarmBioNet: Des méthodes novatrices, mais aussi d'autres qui ont déjà fait leurs preuves pour l'encouragement de la biodiversité, doivent être identifiées et propagées – aussi au-delà des frontières. Cela élargit l'horizon, comme un participant l'a relevé: «La liste des mesures venant du projet comprend beaucoup plus de choses que ce que nous faisons habituellement en Suisse».
Le défi se trouve dans les différences topographiques et climatiques, a relevé l'experte en biodiversité et administratrice du réseau Corinne Zurbrügg d'Agridea. Elle a aussi dit que si la Suisse a dans bien des endroits un problème d'embuissonnement, en Irlande on sème plutôt rarement des arbres.
L'avantage est que les participantes et participants au réseau local sont contraints à regarder plus loin que le bout de leur nez. «Cela nous donne la possibilité de réfléchir au-delà du système actuel», a affirmé Corinne Zurbrügg. Une visite de ferme à l'étranger est aussi planifiée, et le réseau suisse doit y être représenté par une personne venant de la pratique.
Simona Moosmann, FiBL
Pour en savoir plus
Il est encore et toujours possible de monter à bord du réseau en tant que participante ou participant. Les agricultrices et agriculteurs peuvent s'adresser à Corinne Zurbrügg d'Agridea (courriel). Le réseau est bilingue (français / allemand).
Ferme biologique Farngut (site web)
Site web du projet FarmBioNet (site web en anglais)
Biodiversité (rubrique durabilité)
agrinatur.ch (plateforme biodiversité Suisse)