Conséquence des conditions climatiques changeantes, la culture du pavot alimentaire table de plus en plus sur des variétés d'été cultivables en hiver. Avec la ferme Eulenhof à Möhlin AG, le FiBL a cultivé en automne dans le cadre d'un essai les variétés Orel (graines blanches), Major, Maraton et Harlekyn (graines bleues/grises).
Les semis ont été faits mi-novembre sur des plates-bandes surélevées avec une densité de 1,4 kg/ha et un interligne de 25 centimètres. Il n'y a eu aucune protection phytosanitaire ni fumure pendant toute la période de végétation, et la régulation des adventices s'est limitée à un sarclage manuel à fin mai 2025. Les observations portaient sur le nombre de capsules ainsi que sur la vitalité et l'état de santé du pavot.
Expériences agronomiques et niveaux de rendement
Le semis sur buttes a fait ses preuves pour cette culture plutôt sensible et faiblement concurrentielle. Cette méthode de culture offre d'un coup plusieurs avantages pour les fermes maraîchères: La maîtrise des adventices est en général aisée avec des machines précises et légères comme une fraise à lames ou un rotavator, et la formation des buttes assure en même temps un lit de semis régulier et optimal. L'enracinement
relativement profond de cette culture qui forme des racines fines jusqu'à une profondeur de 60–80 centimètres améliore en outre le régime hydrique et la structure du sol.
La récolte des capsules de pavot a été faite à la main au début juillet 2025. Les rendements à l'hectare potentiels ont été calculés après le battage et le nettoyage. Les résultats montrent de nettes différences de niveau de rendement: Les variétés Major et Aplaus ont fourni les plus hauts rendements grainiers avec 1,2 t/ha, ce qui correspond au niveau supérieur typique pour l'agriculture biologique. Il a été frappant avec Aplaus que, malgré un faible rendement en capsules, elle a livré un rendement grainier extraordinairement élevé.
Major a présenté une forte tolérance aux maladies fongiques et une maturité précoce. Orel (graines blanches) et Harlekyn se situaient dans la moyenne avec un rendement d'environ 0,9–1,0 t/ ha, tandis que Maraton a fourni le rendement le plus bas avec 0,83 t/ha. Les types à graines blanches se distinguent par un fort arôme de noisette, mais ils sont nettement plus exigeants à produire que les variétés à graines bleues ou grises. L'état de santé des peuplements était globalement très bon; seule Harlekyn a présenté un peu d'helminthosporiose (Helminthosporium turcicum), et deux pour cent des plantes avaient de la cécidomyie du coquelicot (Dasineura papaveris).
Le potentiel des buttes
La culture du pavot d'hiver comporte plusieurs avantages: Il est – surtout en avril – plus résistant à la sécheresse printanière et la régulation des mauvaises herbes d'hiver réussit plus facilement. Au printemps, dès que le pavot grandit et que ses tiges feuillues ferment les interlignes, les mauvaises herbes d'été ne peuvent pratiquement plus se développer. Il est en outre souhaitable pour les fermes maraîchères d'intégrer des cultures alternatives et des espèces végétales lucratives dans la rotation. Elles contribuent à la diversification et diminuent la pression des maladies et des ravageurs dans les systèmes intensifs.
Les buttes entrent aussi en ligne de compte pour d'autres cultures. En adaptant les interlignes, elles permettent aussi de cultiver des haricots nains et à écosser, des tomates de pleine terre, des poivrons, des lentilles, du cumin ainsi que des oignons ou de l'ail. Ce procédé se révèle avantageux partout où les plates-bandes d'environ 150 centimètres de large nécessitent un désherbage mécanique intensif.
Cet article a été publié dans le magazine Bioactualités 9|2025, rédigé par Ludek Mica, FiBL.
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