Les contrôleuses et contrôleurs confirment qu'une activité intense de transformation fermière a commencé dans les exploitations. Afin d'élargir la gamme de produits, la récolte est séchée, mise en conserve ou congelée.
Nous constatons que se lancer dans la transformation fermière n'est pas une sinécure et peut sporadiquement donner lieu à des manquements. Pour éviter cela, il est utile que nous révélions certaines de nos expériences de contrôle. L'expérience en matière de certification montre que la confiture maison constitue souvent un terrain favorable à de petites infractions à la réglementation. Le fil rouge qui suit, illustré par le cas d'une confiture de framboises Bourgeon nous semble donc un exemple approprié.
Traçabilité grâce à la recette, au journal et aux justificatifs
Tant la recette que le journal de transformation sont obligatoires. Ces deux documents sont indispensables pour pouvoir calculer, lors du contrôle, le flux des marchandises en cas d'achat d'ingrédients tels que le sucre. Les preuves d'achat des ingrédients doivent être annexées aux deux documents dans un souci de traçabilité.
Les ingrédients agricoles doivent être labellisés Bourgeon
Pour transformer ses propres framboises en confiture de longue conservation, il faut sans doute acheter les matières premières supplémentaires nécessaires. En principe, tous les ingrédients agricoles d'un produit Bio Suisse doivent avoir le statut Bourgeon Suisse. L'achat de sucre Bourgeon empêchera probablement la confiture d'être commercialisée comme produit suisse, car en règle générale, le sucre est importé. Si la proportion de matières premières importées dépasse la limite de dix pour cent des ingrédients, le produit doit être proposé sans la mention «Suisse» et sans le drapeau helvétique couronnant le Bourgeon. Exception: l'acérola, en tant que vitamine C naturelle, peut être utilisée en qualité bio non Bourgeon si elle est produite conformément à l'ordonnance suisse sur l'agriculture biologique ou au règlement européen correspondant. La pectine, en revanche, peut être utilisée en qualité non biologique.
Les ingrédients non agricoles peuvent être conventionnels
Les ingrédients non agricoles éventuellement utilisés dans la confiture de framboises peuvent être de qualité non biologique. Pour certains produits, il peut être nécessaire de confirmer l'absence d'OGM à l'aide du formulaire d'Infoxgen. Dans le cahier des charges de Bio Suisse (partie 3) sont énumérés de manière exhaustive les additifs non agricoles non biologiques autorisés pour la confiture ainsi que pour une multitude d'autres produits, à savoir:
- N2/CO2/O2
- eau
- acide citrique
- acide tartrique
- citrate de calcium
- agar-agar
Les matériaux d'emballage doivent être adéquats
Pour éviter toute mauvaise surprise, il est judicieux de s'assurer, avant d'acheter des lots importants de couvercles de bocaux, que ces couvercles peuvent vraiment être utilisés pour de la confiture Bourgeon. En effet, les matériaux d'étanchéité sont en partie non conformes à la réglementation (PVC).
Le contenu doit être fidèle à l'étiquetage
Une fois la transformation réussie et le produit noble mis en bocaux, il s'agit d'étiqueter convenablement ces derniers. Si le sucre utilisé est importé, ce qui est fort probable, on ne peut pas utiliser la mention «Bio Suisse» couronnée par le drapeau helvétique. Le Bourgeon sans mention «Suisse» ni drapeau doit alors suffire.
Les ingrédients agricoles énumérés sur l'étiquette peuvent être présentés de manière simplifiée avec un astérisque *: «*Tous les ingrédients agricoles (sauf éventuellement la pectine) sont issus de l'agriculture biologique». Il n'est pas nécessaire de mentionner le Bourgeon dans la liste des ingrédients, mais rien ne s'y oppose. En outre, il convient de faire suivre le sucre de la mention «importation». Les ingrédients non agricoles doivent être mentionnés par souci d'exhaustivité.
Mentionner l'organisme de certification
Comme couronnement, il faut mentionner l'organisme de certification. Il s'agit de la principale irrégularité constatée lors de nos visites de contrôle. Voici la mention obligatoire correcte: Certification (bio): CH-BIO-006 (s'il s'agit de bio inspecta AG, par exemple).
Faire preuve d'initiative pour remplir les étagères d'une large gamme de produits
En résumé, on peut affirmer qu'il peut être intéressant financièrement de proposer à la vente ses propres produits transformés. Il est alors indispensable que la transformatrice ou le transformateur trouve du plaisir dans ce travail. Dans tous les cas, il est regrettable qu'une exploitation renonce à transformer sa récolte face à l'ampleur des obstacles réglementaires.
Les exigences sont gérables et semblent marginales à mesure que la routine s'installe. Si l'on oublie un détail, ce n'est pas bien grave. Les manquements concernant la transformation fermière n'entraînent pas de réduction des paiements directs. En revanche, il faut absolument éviter de déclarer un produit non biologique (par exemple une confiture de framboises contenant du sucre conventionnel) comme étant biologique. Dans ces cas, le ou la chimiste cantonal-e commencera à s'intéresser à la confiture de framboises.
Andreas Müller, Bioinspecta
Pour en savoir plus
Hotline de Bioinspecta (lu-ve 8h-12h et 13h-17h) pour toute question concernant la réglementation
Journal de transformation (Bioinspecta)
Modèle «Recettes des fabrications fermières» (Bioinspecta)
Déclaration d'accord au sujet du respect de l'interdiction d'utilisation des OGM (Infoxgen)
Transformation à la ferme (rubrique Transformation)
Série Contrôle d'explotation (rubrique Principes)