Journée d’échange sur les veaux
Afin de pouvoir partager ces expériences au sein d’un groupe d’éleveurs passionnés et soucieux de l’avenir de leurs veaux, une journée organisée par le FiBL est prévue le 16 février 2022 sur une ferme pratiquant le sevrage et la production de remontes, de plus amples informations seront publiées sur l’agenda de bioactualites.ch.
Plus d'info sur le cours sur les veaux du 16 février 2022
Au vu de l’engouement de la société pour une alimentation issue d’élevages en plein air et produite à base d’herbage, une analyse détaillée est en cours dans les différentes filières bovines afin de comprendre et tenter de réduire le transfert des veaux des fermes bio vers le canal conventionnel. Il s’agit de proposer des solutions pour étoffer la disponibilité de remontes d’engraissement et d’élevage ainsi que de vaches pour les fermes bio.
Connaître les freins à lever
Une première enquête sur les pratiques de sevrage des veaux à la ferme a été menée auprès des affiliés de Progana durant l’été. Les résultats, dans l’ordre d’importance, démontrent que les principaux freins au maintien des veaux sur la ferme de naissance au-delà des 3 à 5 semaines habituelles résident dans le manque d’infrastructures (50% des enquêtés), le prix du lait pris en compte dans les coûts d’élevage (47,5%), le prix relativement haut proposé pour les veaux (42%) et le manque de main d’œuvre (37%). De manière plus générale, deux aspects ressortent souvent dans les commentaires des éleveurs, celui de la rentabilité de l’atelier veaux et les risques supplémentaires encourus pendant la phase de sevrage, tels que les maladies et le manque de performances d’accroissement.
Programmes existants
Plusieurs démarches sont entreprises depuis quelques années pour maintenir les veaux dans le canal bio. Il y a plus de 10 ans, la filière viande innovait en créant un label Bœuf de pâturage bio. Au départ, cela concernait plutôt les veaux de la filière laitière issus d’un croisement avec une race à viande. Dans un deuxième temps, un nouveau projet, en collaboration avec Aldi, a cherché à valoriser les veaux à génétique purement laitière. Des aptitudes spécifiques à la production animale biologique sont nécessaires pour obtenir de bonnes performances d’accroissement ou laitières, telles que la capacité à valoriser le fourrage grossier, pâturer ou se passer d’antibiotiques. Pour cela un programme, sous le titre de « label B », permet d’identifier les taureaux d’IA provenant d’exploitations bio qui ont été sélectionnés dans le cadre du projet «Taureaux bio d’IA». Les taureaux d’IA concernés sont marqués de ce logo dans le catalogue et sur le site web de Swissgenetics. L’objectif est de constituer un effectif de bovins aux aptitudes adaptées à la production biologique. Une adaptation génétique prend du temps, il est donc primordial, durant cette phase de transition, de tester et d’adopter des pratiques éthiquement conformes au cahier des charges du label Bourgeon et maintenir les veaux dans le canal bio. Une description complète de ces programmes est disponible sur www.bioactualites.ch.
Définir le sevrage
La période de sevrage est sans doute la phase la plus complexe et la plus déterminante dans les choix stratégiques des éleveurs. Selon le cahier des charges de Bio Suisse (Ch. 4.2.2), un veau d’engraissement doit consommer au moins 1000 litres de lait non altéré. La période minimale pendant laquelle du lait non altéré doit être administré aux veaux est de trois mois. Durant cette phase, la poudre de lait ne peut être utilisée que comme complément. Un fourrage grossier de qualité est toutefois obligatoire et des lots de maximum 20 veaux sont autorisés durant la période le sevrage. Ces éléments mis bout à bout, sans compter la période proche de la naissance du veau, représentent autant de travail que de risques économiques supplémentaires, d’où le choix de vendre les veaux à environ 4 semaines de vie. La durée de détention des veaux sur la ferme de naissance diffère légèrement selon les labels, exemple Aldi qui exige 150 jours avant de déplacer les remontes sur les fermes d’engraissement. Cette période relativement longue reporte l’entièreté de la responsabilité des performances d’accroissement sur la ferme de naissance.
Projet en cours
Le projet Remontes bio 21.0, conduit par Progana et FiBL, a pour objectif d’étudier et décrire de manière précise le contexte et la situation économique de 10 fermes pratiquant le sevrage et l’élevage des remontes. Parmi les pistes possibles permettant d’inciter les éleveurs à garder leur veaux, figurent la valorisation du lait de reconversion en produit frais ou éventuellement en poudre, les collaborations inter-exploitations, la garde des veaux soit sous la mère, sous une nourrice ou sous une vache-allaitante, un développement accru des différentes filières lait et viande ainsi que des incitations financières à mettre en place. De plus, il sera peut-être nécessaire de redéfinir la durée minimum de maintien des veaux sur la ferme de naissance. Il est également important de démontrer que toutes les mesures mises en place maintenant prendront tout leur sens avec une génétique adaptée à l’agriculture biologique. Les deux filières lait et viande, définies actuellement comme ligne blanche et ligne rouge, feront partie d’une seule et même stratégie d’élevage et de valorisation des bovins bio.
Pamela Staehli et Nathaniel Schmid, Antenne romande du FiBL
Cet article a été publié dans l'Agri du mois d'octobre 2021