Le nombre de fermes bio et de preneurs de licences est en baisse, ainsi que la part de marché du bio en Suisse. Par ailleurs, le chiffre d'affaires du bio de 4,1 milliards de francs en 2024, soit une augmentation de 1,8% dans un contexte économique tendu indique tout de même que le bio est attractif aux yeux des consommateurs-rices et des commerçants. Ce paradoxe nous met en face d'une période charnière pour le secteur du bio. Où se dirige le bio? (Bio wohin ?) La question du sommet bio 2025 a trouvé des réponses dans de nombreuses présentations qui a questionné tous les acteurs de la chaîne de valeur alimentaire. Une journée dense en contenu, en solutions, en idées et en rencontres.
Informer ne suffit pas
Le discours d'ouverture du sommet a posé une question simple : comment vivrons-nous et consommerons-nous à l'avenir ? L'économiste comportemental Gerhard Fehr a évoqué les nombreux phénomènes qui poussent les gens à garder des mêmes habitudes, mêmes s'ils sont conscients de leurs méfaits. L'information seule ne peut pas inciter des changements de comportements. Dans la même ligne, Adrian Müller, collaborateur scientifique du département Système agricoles et alimentaires du FiBL, a présenté des chiffres-clé du marché alimentaire suisse. Il a également souligné que les consommateurs n'associent pas la durabilité de l'alimentation et de l'agriculture avec le bio et que le secteur doit s'emparer de ce narratif afin de s'imposer davantage – dans les champs et dans les assiettes.
Les coulisses de la production
C'est justement de sensibilisation qu'il s'agit dans le livre portraitisant 12 fermes – dont 11 bio – qui mettent en œuvre une agriculture plus durable. Nicole Egloff, l'autrice du livre «Das Radisli stimmt mich zuversichtlich» enquête sur les coulisses derrière la production des légumes, fruits, produits animaux et par la même occasion répond aux questions du grand public sur ce qu'ils et elles consomment. On y trouve également une carte de la suisse avec les différentes fermes qui proposent une agriculture durable avec des anciennes races et variétés en vente directe.
Des motivations individualistes
«On ne peut pas changer le monde…mais un peu quand même», ambitionne Urs Brändli lors d'une table ronde avec Dora Fuhrer. Le président de Bio Suisse présente dans une discussion animée la stratégie de Bio Suisse qui commence début 2026. Pour la mettre sur pied, la Fédération s'est appuyée sur le témoignage de nombreux producteurs et productrices pour être au plus proche de la réalité du terrain. Il affirme que le bio a la place dans l'assiette des consommateurs mais que les motivations sont aujourd'hui plus individualistes: «Les gens veulent manger bio car ils veulent vivre vieux et en pleine santé.»
Un futur idéal
Michael Schoch, un comédien agronome, a proposé un exercice de pensée poétique au public du sommet bio. Et si l'avenir dystopique qu'on dépeint dans les médias ne se réalisait pas? Et qu'à la place on créait aujourd'hui un futur idéal. À travers un atelier interactif, le comédien nous a rappelé que le monde bio était avant tout créer par des personnes optimistes et créatives. Tout comme Helene Zenhausern et Urs Gfeller, qui ont créé en décembre 2022 un magasin bio composé de 94% de produits fribourgeois. Bio26 est l'exemple parfait d'un créneau gagnant pour les producteurs et les consommateurs: un magasin (presque) sans compromis, au centre d'une ville, qui propose des plats du jour avec les invendus et qui reste accessible aux client-es et rémunérateur pour les producteur-rices.
Speed-dating & interlude musical
Un speed-dating bio a permis aux invité-es de se rencontrer à travers trois questions: «Si le bio devenait obligatoire demain, quels seraient les trois premiers effets indésirables? Si tu devais promouvoir le bio en une seule phrase, quelle serait-elle? Quelle vision souhaiterais-tu que le secteur mette enfin en œuvre?» Après un repas convivial, les invité-es ont pu profiter d'un interlude humoristique et musical de la part de Gerhard Tschan.
Quid des jeunes?
Cinq workshops au choix ont été proposé en deux sessions aux invité-es du sommet bio. Bastian Hurni pose la question dans son workshop: «Y'a-t-il besoin d'une organisation de jeunes bio en Suisse? Et si oui quel serait sa valeur ajoutée?»
Esther Kern a proposé un atelier autour de la version végétale du «Nose to tail», soit le «Leaf to Root». Comment valoriser ce qu'on considère déchet dans notre société ? Après sa présentation de la matinée, Michael Schoch propose à nouveau de formuler des rêves concrets pour la vie en 2050.
La gastronomie aussi
La restauration collective peine a changer pour adopter plus de bio. Florian Jenzer et Michel Gygax animent ensemble un workshop pour donner les clés d'une cuisine bio aux acteurs de la gastronomie en Suisse.
«Votre entreprise est-elle prête pour l'avenir?» demandent Johannes Heiniger et Simon Winzenried. Ils proposent aux participantes et participants de ce workshop comment identifier les forces et les faiblesses de sa structure. La journée riche en informations et en inspirations a fini par un mot de la fin par les organisateurs du sommet bio 2025.
Emma Homère, Bioactualités magazine
