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L'agriculture biologique en pleine guerre

Nouvelle  | 

Le bio s’était beaucoup développé en Ukraine – jusqu’à la guerre. Deux années plus tard, les conséquences pour le commerce et l’agriculture bio en Suisse sont importantes.

Avant la guerre, les visites de cultures étaient importantes pour les échanges et les rencontres entre paysannes et paysans bio ukrainiens. Photo : Tom Kawara

Dans de nombreuses régions de la frontière avec la Russie, les entreprises agricoles ont été les premières victimes de la guerre. Photo : QFTP, Iryna Vysotska

Oleksandr Yushchenko est depuis des années en contact étroit avec le secteur biologique suisse. Photo : FiBL, Tobias Eisenring

La surface agricole certifiée bio ou en reconversion représentait en Ukraine plus de 450 000 hectares en 2020, soit à peu près la surface de l’île de Majorque. L’agriculture biologique et non biologique d’Ukraine était jusqu’au déclenchement des hostilités un important marché en croissance.

Une année de guerre a fait diminuer d’un tiers la surface cultivée en bio. Avant 2022, les trois quarts des exportations de produits agricoles bio allaient vers l’Europe, aujourd’hui c’est plus de 85 pour cent de la quantité. Entre autres parce que les voies de transport vers l’Amérique du Nord sont toujours restreintes pour le commerce ukrainien qui passe par la Mer Noire. Avec plus 85 000 tonnes, le maïs était la plus importante culture exportée vers l’Europe, suivi par le soja fourrager avec 30 000 tonnes et par le blé avec 15 000 tonnes. Les chiffres pour 2023 ne sont pas encore disponibles.

Incertitudes dans le commerce
Les voies commerciales pour les céréales et les aliments fourragers étaient au centre de la couverture médiatique, et en même temps la peur de pénuries de céréales a augmenté avant tout dans les pays d’Afrique. En fait, malgré les ports bloqués et d’autres obstacles comme l’arrêt annoncé des exportations, celles-ci n’ont pas été beaucoup plus basses en 2022 qu’en 2021. Bernhard Blum, du Moulin Steiner à Zollbrück BE, le confirme aussi. « La guerre est survenue directement après la pandémie de covid et tous avaient encore des stocks pleins », explique- t-il. Les importations ont cependant été très incertaines l’année passée et jusqu’à tout récemment. « En 2023 on a joué à la loterie, mais les quantités commandées ont quand même pu être livrées », dit Bernhard Blum. « Nous avons fait des provisions parce nous ne savions pas si les quantités allaient pouvoir passer ou pas. » Pour 2024, le Moulin Steiner compte sur les quantités prévues de sarrasin et de millet. Globalement, la disponibilité de certains produits a diminué, mais on envisage petit à petit la situation avec un peu plus de confiance.

Si la diminution des importations venant d’Ukraine se poursuit, il faudra trouver ou développer des canaux commerciaux alternatifs. En même temps, l’augmentation du développement de la production suisse provoque déjà un déplacement du quota de prise en charge des céréales indigènes. Selon Bernhard Blum, les moulins se tournent de plus en plus vers la marchandise indigène. On a par exemple encore commandé en 2022 de grandes quantités d’épeautre d’Ukraine, mais en 2023 cela n’a plus été le cas. Cela est dû au règlement interprofessionnel entre Bio Suisse et ses partenaires de la transformation pour les céréales panifiables Bourgeon, qui donne la priorité à la prise en charge de la production suisse par les preneurs de licences et les transformateurs. Les augmentations de prix que cela provoquera seront-elles acceptées longtemps par les consommatrices et les consommateurs ? C’est une des questions qui se posent en relation avec l’Offensive Grandes cultures de Bio Suisse.

Amélioration de la création de valeur sur le marché bio ukrainien
Le FiBL est depuis 2005 actif dans différents projets de développement en Ukraine, qui sont tous financés par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Le projet Quality Food Trade Program (QFTP), qui a été prolongé en juillet jusqu’en 2026, avait démarré en 2019. Il a pour but d’encourager le commerce durable et de créer en Ukraine des places de travail dans le secteur bio et le secteur laitier en soutenant des petites et moyennes entreprises dans ces secteurs. « Le fait que le SECO ait décidé en pleine guerre de prolonger le projet de quatre ans a été pour tous les concernés un signe important et un grand soutien », disent Tobias Eisenring et Toralf Richter du FiBL. De nombreux projets et organisations internationaux se sont retirés d’Ukraine et ont rapatrié leurs collaborateurs ou suspendu des projets. Mais pas le FiBL: Une équipe d’onze personnes continue envers et contre tout de travailler en Ukraine. Pour Tobias Eisenring, c’est un grand succès d’avoir pu continuer de travailler sans interruption et de maintenir la cohésion d’une équipe très engagée.

Jeremias Lütold, FiBL.
Cet article paraîtra dans le magazine Bioactualités 2/2024.

Pour en savoir plus

Projet « Quality Food Trade Program » (Base de données des projets du FiBL)
Vidéo « Le commerce bio en temps de guerre : le rôle des femmes dans la coopération ukraino-suisse » (FiBLFilm, en anglais)

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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