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Vers l’avenir, de ferme en ferme

Nouvelle  | 

Durant l’été 2016, trois mois durant, M. et le jeune T. ont parcouru quelques 865 kilomètres à pied à travers la Suisse. Une première marche qui s’inscrit dans un vaste projet éducatif, quelque part à la croisée des chemins entre tradition du compagnonnage, pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle et valeurs de l’agriculture biologique. Retour sur cette expérience hors du commun, initiée par l’association « Randonner-Travailler ».

Toutes les photos: (c) Eline Müller

oupes Je rencontre T. et M. le 23 août 2016, sur les rives du Lac de Constance. Cela fait déjà 30 jours qu’ils marchent et ils ont parcouru environ 450 kilomètres, avec leur barda – tente, sac de couchage, cartes pédestres, quelques vêtements, trousse de secours et couteau suisse. M. est un enseignant et père de famille de la région nyonnaise qui a demandé un congé sabbatique pour se consacrer au projet de l’association « Randonner-Travailler ». T. est un garçon de 17 ans, avec des difficultés scolaires qui handicapent son orientation professionnelle, alors que son intérêt pour les métiers de la terre est bien réel. Le soleil cogne dur, les semelles sont déjà bien usées et le duo a trouvé son rythme et son équilibre, entre vallons et forêts, soin des pieds le soir et séchage des tentes le matin, casse-croûte bon marché et rédaction du blog au quotidien via SMS au webmaster de l’association. Et puis il y a la planification des étapes à venir et la traque au gîte qui leur sera gracieusement offert, ou pas, en collaboration avec le comité qui les suit depuis Lausanne. Après cette traversée du pays, T. se découvre une véritable passion pour la marche et les magnifiques paysages qui l’entourent. Il est au cœur des questionnements qui l’ont amené là. De quoi sera fait son avenir ? Quelles sont ses limites et peut-il les repousser ? Qu’est-ce qui le motive dans le travail physique et l’endurance ?

Fermes intéressées à collaborer sont recherchées
Randonner-Travailler est à la recherche de domaines, partout en Suisse, prêts à accueillir les prochains duos de marcheurs, dès la fin du printemps, si vous en êtes ou en connaissez n’hésitez pas à contacter l’association (voir lien en bas de la page).

Trois questions à T., deux mois après la fin de la marche :

Où en est-tu de tes projets professionnels ?

« J'ai abandonné l'idée d'être fromager, car j'ai vu que dans les grandes fromageries et les fromageries modernes, ils ne font que presser sur des boutons. Actuellement, 2 professions m'intéressent, surtout "Agent d'exploitation" en tant qu'employé communal car on travaille beaucoup dehors, on s'occupe des espaces verts, c'est un métier varié selon les saisons et en contact avec la nature. Je viens de faire un stage dans une commune du pied du Jura au début décembre : cela m'a plu. Je vais en refaire un autre en février dans une commune plus grande au bord du lac pour voir la différence.
Le métier d'agriculteur, ça me paraît plus compliqué pour y arriver : j'ai constaté durant mon voyage à travers la Suisse que beaucoup d'agriculteurs ont la vie dure, ils travaillent énormément toute la semaine et parfois le week-end sans un jour de repos et j'ai vu qu'ils étaient souvent fatigués. Le travail ne me fait pas peur, mais moi je n'ai pas de ferme, ni de terre, je devrais donc être employé agricole et en tant qu'employé c'est difficile de vivre bien car c'est peu payé. Si on est à son compte, ça vaut la peine, mais en tant qu'employé, je pense que non. »

Qu’elles étaient les plus grandes difficultés rencontrées et comment les as-tu surmontées ?

« Je n'ai pas rencontré de grandes difficultés durant ce voyage. Au début c'était un peu difficile d'arriver toujours chez des gens nouveaux et qui ne parlaient pas français, mais je me suis assez vite habitué en voyant que nous étions bien accueillis. Ensuite cela ne m'a plus posé de problème. »

Qu’est-ce que cette marche t’a apporté au niveau personnel ?

« Ce que ce voyage m'a apporté : pas mal de confiance en moi, des expériences intéressantes et variées.
La marche, à force, m'a montré que j'avais de l'énergie et que j'étais costaud : je ne devais plus mettre beaucoup d'énergie pour arriver au bout des étapes, c'était facile. »

L’Association « Randonner-Travailler »

Accompagner des jeunes lors de la délicate période de l’adolescence, les aider à trouver leur voie dans ce monde, leur prouver leur capacité à se surpasser et activer leur confiance en eux, voici les buts de l’association « Randonner-Travailler ». Pour atteindre ces objectifs, l’association – fondée par une éducatrice à la retraite et des passionnés de marche, de nature et d’agriculture – a donc imaginé cette formule pour ces jeunes : une marche de 3 mois, entrecoupée d’étapes dans des fermes bio, en duo avec un adulte qui n’est pas nécessairement un professionnel de l’éducation.
La formule est magique car la marche opère une sorte de magie sur le marcheur, elle apaise en même temps qu’elle épuise, elle élargit les horizons de l’esprit en même temps que les panoramas, parfois elle est une course, parfois elle est une transe, un défi ou une consolation. Et nombreux sont ceux qui sont persuadés de ses vertus réparatrices. Mais la formule n’est pas nouvelle. Sans remonter loin dans l’histoire des rites initiatiques liés à pérégrination et à la quête – pour certains indigènes d’Amérique la longue marche solitaire ritualisait le passage à l’âge adulte, par exemple – on trouve des projets similaires aux résultats probants, notamment en Belgique et en France, grâce aux associations Oïkoten et Seuil. Jeunes défavorisés ou marginalisés, adolescents pris dans le piège de la petite délinquance, récidivistes risquant la prison pour mineurs, jeunes femmes et jeunes hommes désorientés et malmenés par la vie, ils partent sur la route de Compostelle, avec un accompagnateur qui n’a souvent que sa bonne volonté, son sens pratique et une envie d’aider son prochain pour le guider. Depuis passé 20 ans, Seuil et Oïkoten aident ces jeunes à s’en sortir, à trouver leur chemin, grâce au cheminement.

La dimension professionnelle

« Randonner-Travailler » souhaite ajouter une dimension professionnelle ainsi que des valeurs écologiques à sa démarche, l’idée est ici de privilégier des jeunes intéressés par les métiers de la terre et de les faire participer aux activités des paysans, vignerons, éleveurs ou maraîchers chez qui ils s’arrêtent, pour quelques heures ou quelques jours. Plusieurs membres de Bio Vaud font partie du comité et tâchent de construire un réseau de fermes, à l’échelle nationale, prêtes à accueillir les duos de marcheurs. Un travail de longue haleine, que la jeune association mène parallèlement à de nombreuses démarches visant à faire reconnaître son travail par les différentes instances publiques en charge de l’éducation et de la formation, et de celles pour trouver des financements pour les marches à venir, car même si elles doivent avoir lieu grâce à un grand engagement bénévole, de nombreux frais restent à couvrir.

A lire le blog alimenté conjointement par M. et par T. durant leur périple, on se rend compte que les échanges avec les paysans qui les hébergent sont à la fois riches et chaleureux, faits d’échange et de partage. Les récits des journées passées à travailler, aux endroits où le duo s’est arrêté plusieurs jours, sont particulièrement émouvants. On y découvre non seulement un jeune homme qui – tout en prenant confiance en lui – s’ouvre au monde et aux autres, mais aussi des agriculteurs ravis d’ouvrir leur porte et de partager leur quotidien et leur passion, avec une générosité teintée d’une certaine admiration pour ce garçon déterminé. T., qui s’intéresse à une formation de fromager, a eu la possibilité de participer à la production et la transformation d’aliments biologiques. Après avoir semé une ancienne variété de blé, il écrit : « Ça m'a donné envie de faire plus souvent attention à ce que je mange, de manger plus de produits de la région, plus de produits bio... ». Il a pu se frotter à de nombreuses activités liées aux cultures et au soin des bêtes, et se rendre compte de sa propre persévérance lors des travaux parfois physiques et fatigants qui sont le lot de chaque agriculteur. En plus des 865 kilomètres parcourus, excusez du peu!

Pour en savoir davantage
Blog de T. sur le site de « Randonner-Travailler »

Etre agriculteur et travailleur social (sur ce site internet)

Eline Müller, membre de l’association

 

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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