Les contributions pour des techniques culturales préservant le sol prévues par la PA 2014-2017 prévoient un soutien financier de Fr. 150.-/ha par an pour le semis sous litière plus un supplément de Fr. 400.-/ha en cas de renoncement aux herbicides. Mais au fait de quoi s’agit-il ?
Sur le plan agronomique, le semis sous litière consiste à semer une culture sur une litière de résidus de récolte de la culture précédente ou d’un engrais vert desséché par exemple. Pour ce faire, le sol a préalablement été travaillé superficiellement et sans retournement. Cette litière a un effet de protection du sol contre le croûtage et l’érosion.
Dans l’Ordonnance sur les paiements directs du 23 octobre 2013, il est prévu, à l’article 79, d’octroyer des contributions entre autre pour le semis sous litière. Ce semis a lieu après un « travail du sol sans labour, à maximum 10 cm de profondeur ».
Dans les commentaires, l’OFAG écrit que le sol doit « idéalement (être) recouvert de (résidus de) végétaux sur toute sa superficie ». L’OFAG mentionne également la liste des machines « envisageables » pour le semis sous litière, à savoir la déchaumeuse à socs larges, la déchaumeuse à socs plats, la herse à disques courts et la charrue déchaumeuse.
Or la charrue déchaumeuse effectue un retournement complet du sol ; en conséquence, il y a très peu de résidus végétaux en surface. La définition de semis sous litière donnée dans l’Ordonnance correspond en fait plutôt à la notion de travail réduit du sol.
Des charrues déchaumeuses, pourquoi ?
Depuis quelques années, des agriculteurs essaient de pratiquer le travail réduit du sol (à max. 10 cm de profondeur) en conditions bio ou en PER sans herbicides. Au début, ils ont surtout travaillé avec divers types de déchaumeuses disponibles sur leurs exploitations ou chez des voisins. Or en conditions humides, la destruction de la végétation existante par déchaumage ne suffit pas pour garantir le dessèchement suffisant de celle-ci, le sol reverdit tout le temps, les cultures semées dans de telles conditions ne sont pas été assez propres et accusent des baisses importantes de rendement.
Meilleur enfouissement de la végétation
Les charrues déchaumeuses, arrivées récemment sur le marché, devraient permettre un meilleur enfouissement de la végétation et donc un meilleur départ de la nouvelle culture sans utilisation préalable d’herbicide. Les échecs devraient être moins fréquents qu’avec le travail superficiel sans retournement. Ces charrues devraient même permettre de retourner relativement proprement une prairie temporaire. Différents essais du FiBL et d’autres institutions montrent que le travail superficiel, même avec retournement, ne nuit pas à l’activité biologique du sol et n’empêche pas un maintien voire une augmentation du taux d’humus. Il doit donc être possible d’améliorer les sols même avec un retournement superficiel. On peut donc saluer le fait que l’OFAG ait accepté la charrue déchaumeuse pour le droit aux contributions pour le « semis sous litière ». L’OFAG est par ailleurs en train de définir de manière plus précise quelles machines sont acceptées sous la dénomination de « charrues déchaumeuses ».
Amélioration des sols
Si on ajoute au travail réduit du sol la réintroduction des fumures organiques et de la prairie temporaire dans la rotation (là où ces pratiques avaient disparues), et la pratique des semis directs (quand c’est possible sans herbicides), on se donne des chances réelles d’aller vers une amélioration des sols.
Démonstrations de charrues déchaumeusesDeux démonstrations auront prochainement lieu à Genève et Fribourg. Ces démonstrations seront l’occasion de vérifier si ces charrues permettent effectivement un travail à seulement 10 cm et avec quelle qualité. Des machines des fabricants suivants seront montrées : Escudero, Kverneland, Bugnot, Ovlac, Zobel.
Pour en savoir davantage
Démonstration du 17 avril 2014 à Choulex GE
Démonstration du 08 (ou 15) mai 2014 à Grangeneuve FR