Le marché veut de tout et la gamme des produits demandés se diversifie. Avant de commencer une production tout à fait nouvelle, il faut se faire la main sur de petites surfaces.
Non seulement les céréales, le maïs, légumineuses à battre et les oléagineux traditionnels sont demandés, mais aussi des produits moins connus en culture bio comme le lin, la lentille, le sarrasin, le lupin, la caméline etc. Les prix proposés sont alléchants, les acheteurs se pressent au portillon, les informations techniques sont disponibles (fiches techniques bio d’AGRIDEA), et donc la tentation de faire directement quelques hectares de l’une ou l’autre production est grande. Or il s’agit souvent de cultures peu concurrentielles face aux mauvaises herbes, le risque financier est donc élevé et peut entraîner un fort découragement en cas d’échec. C’est pourquoi, il est conseillé de tester ces cultures sur une bande correspondant par exemple à une largeur de travail de la moissonneuse-batteuse ou de la herse-étrille avant de se lancer en grand.
Les valeurs sûres
Parmi toutes les cultures remises au goût du jour ces dernières années, le pois-orge et la féverole-avoine, en semis d’automne ou de printemps selon les conditions locales, sont des valeurs sûres. Le semis est basé sur « la formule magique 80-40 », à savoir le protéagineux semé à 80 % de la densité de semis en culture pure et la céréale à 40 %. Cela permet d’avoir une culture propre sans verse et de récolter, selon les années, entre 40 et 70 % de protéagineux. Dans le cadre de la PA 2014-2017, cela permet également de toucher la prime pour protéagineux de Fr. 1000.-, si le pourcentage du protéagineux dans le grain récolté dépasse 30 % du total. Dans les formulaires, annoncer ces cultures sous le code 569 = «Méteil de féveroles, de pois protéagineux et de lupins destinés à l’affouragement avec des céréales, au moins 30 % de légumineuses». Au niveau des variétés, on prend d’habitude ce qu’il y a, car il y a peu de nouveautés.
Autres cultures en association
Seul le lupin à feuilles étroites (ou lupin bleu) est cultivé en bio, car il n’est pas sensible à l’anthracnose, contrairement au lupin blanc. Le sol doit avoir un pH inférieur à 6.5, ce qui limite les possibilités de cultiver cette plante, par ailleurs peu concurrentielle face aux mauvaises herbes. L’association de lupin bleu et d’avoine a été testée en 2013 dans les essais pratiques du FiBL et semble prometteuse, mais il faut encore répéter ces essais avant de pouvoir la conseiller dans la pratique.
Même situation pour la lentille, cette plante peut être associée par exemple au blé de printemps ou à l’avoine de printemps. Des essais sont en cours à l’Agroscope de Reckenholz. Le plus grand problème est la séparation des graines à la récolte, qui n’est pas résolu mais est en voie d’étude. Pour le moment, la production de lentille associée est déconseillée.
Pour le lin de printemps, il n’y a pas encore de solution en culture associée. Des essais devraient démarrer en 2014.
La caméline est une plante qui se développe de manière inégale d’une année à l’autre à cause des conditions variables de sol et de météo. L’association de pois protéagineux et caméline n’est pas toujours satisfaisante du point de vue de la propreté du champ. Pour éviter les mauvaises herbes, l’association de pois protéagineux, orge et caméline est préférable, même si la quantité de graines de camélines récoltée est inférieure à celle de l’association de pois et caméline.
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