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Culture du maïs: visions pour l’avenir et résultats de l’essai variétal de Senarclens VD en 2018

Nouvelle  | 

La culture du maïs est appelée à évoluer. Des variétés rustiques, peu gourmandes, adaptées aux aléas du climat, sont recherchées. Le maïs peut aussi se cultiver en association, il est intéressant d’en redécouvrir le potentiel. Des couverts et des sous-semis apportant de l’azote sont aussi une pièce maîtresse du dispositif.

L'essai de variétés de maïs à Senarclens VD, photo prise le 28.08.2018 lors de la Journée "Agriculture de conservation en bio". Photo: FiBL, Maurice Clerc

Maïs et haricot grimpant associé. Senarclens VD, le 28.08.2018. Photo: FiBL, Maurice Clerc

Semences de maïs, haricot grimpant Sat 524 (de couleur noire) et haricot grimpant WAW 512 (de couleur brune-beige). Photo: FiBL, Maurice Clerc

L’essai de Senarclens VD (dont les résultats figurent ci-dessous)  fut l’occasion de se poser les questions qui suivent. Y a-t-il une possibilité de faire évoluer la culture du maïs pour aller vers davantage de durabilité, par exemple avec des variétés moins gourmandes en azote ? Les années climatiquement chaotiques se multiplient : trop humide, trop sec, ou d’abord l’un puis l’autre (comme en 2018) ; dans ce contexte, comment contribuer à la stabilité de la culture du maïs ?
Dans une optique d’agriculture de conservation, on s’intéresse à des variétés très précoces (même si elles sont moins productives) pour les raisons suivantes :

  • Semis tardif possible au printemps (sur sols très bien ressuyés et chauds) ; donc pas de tassement du sol, levée régulière, démarrage rapide, et meilleure maîtrise des adventices
  • En automne, récolte avant les périodes trop humides ; donc moins de risque de tassement
  • La culture suivante ou le couvert hivernant sont mis en place plus facilement.

Mais a-t-on déjà les bonnes variétés très précoces sur le marché ?
Quels sont les bons couverts avant le maïs et quel est le potentiel des sous-semis dans le maïs ?
Y a-t-il des raisons valables de chercher à abandonner les maïs hybrides pour revenir à des maïs dits « population » ou non hybrides, dont la récolte peut être ressemée ? Y a-t-il un intérêt à associer le maïs au haricot grimpant ?
Toutes les réponses à ces questions ne sont pas encore disponibles, mais un certain nombre d’agriculteurs, d’organisations et de chercheurs y travaillent. En 2019, il y aura peut-être en Suisse romande un ou plusieurs groupes d’intérêt d’agriculteurs intéressés à cultiver du maïs-population. Lors du cours grandes cultures bio du FiBL du 29 janvier 2019 à Grangeneuve FR, une partie de ces thèmes seront abordés. 

Cours grandes cultures bio (Agenda de ce site internet)

Maïs-haricot
Les haricots associés au maïs peuvent présenter plusieurs avantages : rendement global plus élevé que le maïs seul (comme n’importe quelle culture associée) ou réduction possible des apports azotés au maïs. Si la culture associée est ensilée en plante entière, il peut y avoir une augmentation de la teneur en azote de l’ensilage plante entière. Mais les feuilles de haricot contiennent des substances toxiques pour l’animal, à savoir les phasines; les sélectionneurs cherchent donc des variétés pauvres en phasines et font des essais d’affouragement au bétail, pour déterminer quelle quantité d’ensilage est  supportable par l’animal. Le maïs-haricot plante entière pour l’ensilage est donc une technique pas encore vraiment mûre pour la pratique, mais des avancées seront certainement effectuées durant les années à venir. Il faut encore dire que les variétés Sat 524 et WAW 512 ont été sélectionnées pour leur très faible teneur en phasines dans les feuilles. Le grain ne contient pas de substances toxiques, donc le maïs-haricot récolté en grains ne pose aucun problème.

Variétés population
Les variétés non hybrides (ou «variétés population») ont souvent une hauteur de plante et une maturité non homogène à 100 %. Si elles sont été cultivées à bonne distance de variétés hybrides et qu’elles ne se sont donc pas spontanément croisées avec des hybrides, il est possible de ressemer le grain récolté et donc d’aller vers un peu plus d’autonomie. Tout cela demande toutefois un certain savoir-faire qu’il est intéressant d’acquérir si les agriculteurs travaillent en groupe. Habituellement, ces variétés ont des rendements inférieurs de 5 à 25 % aux variétés hybrides de précocité comparable. Mais elles ont probablement des besoins en azote un peu plus réduits et une stabilité de rendement un peu supérieure à celles des hybrides, et donc un potentiel d’adaptation plus élevé aux variations du climat. Pour certaines de ces variétés, une inscription sur la liste des variétés recommandées par le FiBL est déjà réalisée et de la semence bio est déjà disponible.

Descriptif de l’essai de Senarclens VD
Dans le cadre de la journée « Agriculture de conservation en bio », qui eut lieu le 28 août 2018 à Senarclens VD, cet essai en bandes (sans répétitions) un peu futuriste fut montré aux visiteurs et permit de discuter des questions posées ci-dessus et donc des techniques culturales de l’avenir.   

Sur la parcelle d’essai, un travail du sol superficiel fut effectué en avril-mai 2018, pour détruire l’engrais vert gélif et préparer le lit de semences. L’essai fut semé le 08.05.2018, sur une parcelle ayant une pression d’adventices non excessive. Les pluies abondantes qui perdurèrent jusqu’à la mi-juin empêchèrent d’effectuer les sarclages prévus avec des machines performantes (sarcleuse à pattes d’oies équipée de doigts Kress). La culture dut donc être « sauvée » grâce à deux buttages assez agressifs. La densité de peuplement finale s’éleva à environ 6 plantes par m2. La récolte en grain eut lieu le 03.10.2018. Les échantillons furent séchés à 14 % d’humidité.

Parmi les variétés, il y avait trois hybrides classiques, à savoir Stabil, Caribous et Benedictio, un hybride à polenta (Falcone) et trois maïs-populations fournis par le semencier sativa et sélectionnés en Suisse allemande et en Allemagne, à savoir OPM 12 (ou Evolino ; maïs fourrager et alimentaire), Bogdan et Weihenstephaner 3. Dans les bandes 1 et 2, Stabil fut associé à deux haricots grimpants également fournis par sativa, à savoir Sat 524 et WAW 512, qui ont été sélectionnés pour leur tardivité et pour leur taille de graine comparable à celle du maïs. Ainsi, la semence de maïs et de haricot fut mélangée et semée au semoir exact sans aucune difficulté. La densité de semis fut de 9.5 graines/m2 pour les maïs en culture pure, de 8 graines/ha de maïs et de 4 graines/ha de haricot pour le maïs associé.
Des variétés encore plus précoces que celles retenues auraient dû être semées à Senarclens. Mais il s’avéra plus difficile que prévu de trouver à temps de la semence des variétés recherchées.
Le tableau qui suit présente les variétés et les mesures de rendement.

 

BandeVariétéTypeCaractéristiqueRendement (dt/ha)
1Stabil*HybridePlutôt précoce; type maïs-grain75
2Stabil**HybridePlutôt précoce; type maïs grain73
3FalconeHybridePlutôt tardif; aussi pour polenta84
4Weihenstephaner 3Non hybridePlutôt tardif63
5BogdanNon hybridePlutôt tardif69
6OPM 12 (Evolino)Non hybridePlutôt tardif; aussi pour polenta71
7BenedictioHybrideMi-précoce; très bon maïs-grain86
8KaribousHybrideMi-précoce81
9StabilHybride

Plutôt précoce; type maïs-grain

81
*Avec haricot Sat 524
**Avec haricot WAW 512

Observations en végétation
Dans cet essai, il n’y eut pas de différences très marquées de vigueur au départ entre les variétés. Après leur germination, les haricots formèrent tout d’abord des lianes qui s’étalèrent quelque peu au sol avant de commencer à grimper autour des plantes de maïs. En conséquence, les buttages agressifs de juin 2018 firent des dégâts à ces lianes, le nombre final de plantes de haricots par m2 fut fortement réduit, et la part de grains de haricots dans le grain total fut très faible.

Rendements

En l’absence de répétions, il n’est bien sûr pas possible de tirer des conclusions significatives de cet essai. On peut toutefois dire qu’en tenant compte des difficiles conditions de l’année (d’abord trop humide, puis trop sec), le niveau moyen de rendement de l’essai fut tout à fait satisfaisant. Le rendement des maïs-population fut un tendanciellement un peu plus faible que celui des maïs-hybride, ce qui était prévisible et assez normal (voir texte plus haut).

Autres essais en 2018
Le FIBL et différents partenaires ont conduit plusieurs essais variétaux de maïs plante entière ou de maïs-grain. Il est prévu qu’un rapport global soit prochainement publié pour en présenter les résultats. Les résultats de Senarclens seront intégrés à ce rapport.

MCL

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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