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Races de poules à deux fins: potentiels et limites

Les poules à très haute performance de ponte que l’on rencontre aussi bien dans les poulaillers bio que conventionnels sont très sensibles aux variations de la composition des fourrages. Des carences même minimes en protéines et vitamines peuvent provoquer des chutes de la ponte et des troubles tels que le picage. Leurs poussins mâles ne conviennent pas à la production de poulets d’engraissement ; en conséquence, ils sont gazés à la naissance.

En agriculture biologique, certains composants fourragers sont interdits. Il est donc difficile de composer du fourrage bio adapté aux poules à très haute performance de ponte. Et le gazage des poussins mâles, même s’il est autorisé, est un non-sens écologique. Il faudrait donc disposer de poules pondeuses dont les mâles peuvent être engraissés.

Sussex est prometteuse

C’est pourquoi Demeter et le FiBL se sont mis ensemble pour trouver des solutions à ces problèmes. En collaboration avec d’autres institutions (Aviforum...), différentes races de poules ont été testées. Parmi les races récemment testées, la Sussex est prometteuse :

  • elle supporte bien les variations de la composition des aliments ;
  • elle supporte bien les mues et peut donc vivre plusieurs années ;
  • au pâturage, elle se défend bien contre les attaques d’oiseaux rapaces ;
  • l’engraissement des poussins mâles est possible ; à l’heure actuelle, il fait l’objet de tests d’engraissement.

Mais la race Sussex a aussi ses limites :

  • elle pond environ 250 oeufs par an (au lieu de 300 oeufs pour les poules usuelles) ;
  • elle consomme davantage de fourrage par oeuf produit ;
  • les poussins mâles consomment davantage de fourrage par kg de poids vif que les poulets d’engraissement usuels.

C’est pourquoi la race Sussex est avant tout recommandée pour les exploitations ayant des élevages de petite et moyenne taille, ayant peu de frais fixes (amortissement du poulailler...), produisant au moins une partie des fourrages eux-mêmes (céréales...) et pratiquant la vente directe.

Les recherches vont continuer

Les recherches visant à trouver des races de poules à deux fins vont continuer. Aux questions abordées ci-dessus vont s’ajouter celles de la production de fourrages, qui à l’avenir devra dépendre davantage de composants produits localement. En effet, à moyen terme, le soja cultivé sous les tropiques (même issu de l’agriculture durable) devra être réservé à l’alimentation humaine. Différentes pistes sont à l’étude. Le recours à d’autres sources de protéines que le soja devra être pratiqué avec précaution car la poule pondeuse est très exigeante en ce qui concerne la qualité des protéines (en particulier les acides aminés essentiels) et la teneur de composants anti-nutritifs.

Maurice Clerc et Veronika Maurer, FiBL

Peu de crédits pour la poule à deux fins

Ce qu’il est convenu d’appeler la poule à deux fins et les prétendus succès de sélection ont fait couler pas mal d’encre ces derniers temps. Dans la production des poules pondeuses, l’abattage immédiat des poussins mâles des lignées de ponte est de moins en moins bien accepté par les consommateurs. La branche recherche donc assez activement de nouvelles lignées de sélection dont les coqs puissent être engraissés avec de bons résultats sans que la production d’oeufs de poules en soit affectée.

Le succès de sélection a jusqu’ici été clairement évalué de manière trop positive, dit Alfred Reinhard de Hosberg AG, la plus grande société suisse de commercialisation d’oeufs bio. Il n’y a selon lui pas encore de résultats satisfaisants et il est totalement incertain que les grands distributeurs soutiennent une stratégie pour la poule à deux fins.

Le tueur de volaille Robert Stauss d’Ertingen dans le sud de l’Allemagne est lui aussi sceptique: il tue des volailles issues d’essais de races à deux fins et constate qu’il n’y a pas encore de rapport prix-prestations un tant soit peu acceptable dans ce domaine: «Cela n’a pas de sens de donner des aliments chers à des coqs qui ne produisent pas de viande», dit Strauss, qui se demande en outre où on pense installer les 43 millions de coqs qui devraient être engraissés chaque année en Allemagne en fonction du nombre de pondeuses.

Le producteur d’oeufs bio Peter Lüscher de Holziken AG craint pour sa part que la poule à deux fins puisse diviser le marché bio en fractions avec et sans poule à deux fins. Il entrevoit donc une autre solution: «Si nous pouvions valoriser intelligemment les poussins d’un jour, leur élimination ne poserait pas de problème», dit-il.
Adrian Krebs

(Source: bio actualités 2/14, page 8)

 

Dernière mise à jour de cette page: 15.05.2014

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